Hussein Mohammed conduisait son minibus lundi à la tombée de la nuit entre El-Massied et Al-Kamiline, deux localités de l'État d'Al-Jazira situé au sud de Khartoum. Soudain, il voit débouler sur le long ruban d'asphalte une colonne des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo.
En tout, ces cohortes ont progressé de 50 km vers le sud avant de rebrousser chemin et d'installer leur dernier check-point à 17 km au nord d'Al-Kamiline, soit à environ 80 km de la capitale où les FSR règnent quasiment en maîtres, selon des experts.
Autour de lui, la plupart des échoppes sont restées fermées tant le spectre des pillages et des tueries précède les cohortes des FSR partout au Soudan, où la guerre a fait depuis le 15 avril au moins 7 500 morts, selon une ONG, ainsi que cinq millions de déplacés et de réfugiés.
Face aux récits des horreurs qui émergent, principalement de Khartoum, vidée de la moitié de ses habitants, et du Darfour, dans l'ouest, les assurances de l'armée et des autorités relevant du général Burhane pèsent peu.
L'État d'Al-Jazira, immense étendue entre le Nil bleu et le Nil blanc connue pour ses terres fertiles et ses champs de coton, est une zone sensible.
Cette année, pour la première fois de l'histoire de cette région agricole, les terres sont restées en jachère. Les écoles et les bâtiments publics sont devenus des camps de fortune pour abriter les réfugiés de guerre et les industries ne tournent plus depuis des mois.
Depuis mars, les fonctionnaires n'ont pas perçu un seul salaire, notamment les enseignants qui ont malgré tout fait leur rentrée début septembre, accueillant des classes bondées d'élèves du coin mais aussi de très nombreux déplacés.