France : Édouard Philippe estime que "la colonisation n'est pas un crime"

La rédaction avec
13:0011/12/2025, jeudi
AA
Le président du parti de centre-droit Horizons, Edouard Philippe, s'adresse aux journalistes dans un bar dans le cadre de la campagne électorale du député Thomas Cazenave, membre du parti Ensemble Pour la République, pour les élections municipales à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France, le 2 décembre 2025.
Crédit Photo : CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP
Le président du parti de centre-droit Horizons, Edouard Philippe, s'adresse aux journalistes dans un bar dans le cadre de la campagne électorale du député Thomas Cazenave, membre du parti Ensemble Pour la République, pour les élections municipales à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France, le 2 décembre 2025.

Lundi 8 décembre, Édouard Philippe, ex-Premier ministre d’Emmanuel Macron et candidat déclaré à la présidentielle, était invité sur un média français. Interrogé par Jean-Michel Aphatie sur la question : "La colonisation est-elle un crime ?", il a répondu par un "non" catégorique. Ces propos ont immédiatement suscité de nombreuses réactions.

Réactions de médias et plateformes


Rappelant qu’Édouard Philippe a été Premier ministre de la France, et
"pas n’importe qui"
, la plateforme d’actualité proche de La France insoumise (LFI), L’Insoumission, fustige un
"néocolonialisme décomplexé"
. Le média y voit
"un positionnement idéologique assumé, affiché en pleine campagne présidentielle"
, ajoutant qu’une telle prise de position serait inimaginable s’il était question de la Shoah.

L’Insoumission souligne également qu’un homme aspirant à l’Élysée pourrait être amené à s’exprimer au nom de territoires comme la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane, La Réunion, Mayotte ou la Nouvelle-Calédonie,
"dont les populations ont directement subi la colonisation et ses conséquences"
.
"Comment pourrait-il incarner la République pour eux ?"
, interroge encore le média.

Le journal L’Humanité dénonce pour sa part
"un propos négationniste"
. Le quotidien rappelle la loi Taubira, adoptée le 10 mai 2001 à l’unanimité du Parlement, reconnaissant la traite négrière et l’esclavage dans l’océan Atlantique et l’océan Indien comme des crimes contre l’humanité.

De son côté,
"La colonisation n’a-t-elle pas commencé par l’esclavage ?"
interjecte Révolution Permanente, affilié au réseau international de quotidiens en ligne La Izquierda Diario. Le média dénonce un
"déni grossier de la responsabilité de l’impérialisme"
et rappelle notamment
"les massacres, les viols et la famine organisés par les soldats à travers l’Algérie".
Il conclut :

Il faut le dire haut et fort : oui, la colonisation est un crime.

Réactions de personnalités publiques


Sur les réseaux sociaux, militants anticolonialistes, associations antiracistes et défenseurs des droits humains ont également fait part de leur indignation.


"Pour ce candidat à l’élection présidentielle, la spoliation, l’exploitation, la répression et la discrimination que la France a fait subir — et qu’un pays comme Israël continue de faire subir à des peuples entiers — ne sont pas des crimes"
, écrit la députée LFI de la Loire, Andrée Taurinya.

"Faut-il vraiment lui rappeler ce que signifie coloniser ? Exploiter, annexer, dominer, usurper ce qui ne nous appartient pas. S’il ne souhaite pas ouvrir un livre d’histoire, qu’il regarde ce qu’il se passe en Cisjordanie. Pathétique"
, s'indigne la députée écologiste Sabrina Sebaihi.

L’avocat franco-algérien Johann Soufi, spécialiste en droit pénal international, résume son indignation :
"Dire que “la colonisation n’est pas un crime”, c’est cracher sur la mémoire et la souffrance de millions de personnes".


"Signe de soumission"


Cette polémique s'ajoute à une déclaration de l'ancien Premier ministre sur le voile qui avait aussi fait l'objet de vives réactions. Dans la même émission, il avait déclaré :
"Je vais vous répondre très honnêtement : je n’aime pas ça. Je n’ai jamais été à l’aise avec le port du voile"
, présentant le voile comme un
"signe de soumission"
. Il a expliqué que son malaise était lié au caractère religieux du voile, qu’il considère comme un signe
"ostensible"
.

"C’est souvent un signe religieux, ostensible. Et j’aime pas beaucoup les signes ostensibles religieux"
, a-t-il affirmé. Il a également ajouté :
"J’ai infiniment plus d’admiration pour les femmes qui cherchent à enlever leur voile en Iran que pour ceux qui, en France, expliquent que c’est un acte d’épanouissement"
.

Il a précisé qu’il respectait les convictions religieuses des femmes qui portent le voile, tout en exprimant son désaccord avec l’idée que ce choix puisse être présenté comme un
"acte d’épanouissement"
.
"Des femmes expliquent que c’est leur conviction religieuse"
, a-t-il ajouté.

A lire également:






#Colonisation
#Édouard Philippe
#France
#loi Taubira