Niger: Les bonnes prévisions de croissance de la BAD et la Banque mondiale suscitent des débats à Niamey

La rédaction
15:0028/11/2024, Perşembe
MAJ: 27/11/2024, Çarşamba
Yeni Şafak
Crédit Vidéo : Yasser Ulrich / Nouvelle Aube
La Banque mondiale et la BAD prévoient une forte croissance économique pour le Niger en 2025, mais des experts à Niamey expriment des doutes.

Dans leurs points annuels sur la santé de l’économie nigérienne, la Banque mondiale et la Banque Africaine de Développement tablent sur une bonne croissance économique en 2025. La production pétrolière et le secteur agricole devraient être les moteurs de l’embellie annoncée. Seulement à Niamey, plusieurs spécialistes remettent en cause les conclusions de ces deux institutions financières.

Dans son rapport annuel sur l’économie du Niger publié fin octobre, la Banque Africaine de Développement (BAD) indique que la croissance économique devrait atteindre 10,4% en 2024 puis ralentir à 7,4% en 2025.


Selon l’institution financière africaine, cette croissance devrait être principalement la production de pétrole brut qui devrait passer de 20 000 à environ 100 000 barils par jour. Le secteur agricole devrait aussi jouer un rôle prépondérant dans cette reprise.


La Banque Africaine de Développement indique que la relance de l’économie se poursuit après les difficultés notées suite au coup d’Etat de juillet 2023.

Toutefois Harouna Illiassou, un économiste, ne partage pas les prévisions de la BAD sur le secteur agricole. Il estime que l’agriculture nigérienne est encore très rudimentaire pour avoir tout ce poids dans l’économie. Il rappelle que depuis l’ancien président Mahamadou Issoufou, une vaste réforme du secteur agricole a été annoncée notamment avec le programme les Nigériens Nourrissent les Nigériens. Il indique cependant que, ce plan censé assurer au pays, une sécurité alimentaire n’a pas vraiment pris corps. M. Illiassou souligne quand-même qu’avec la volonté politique affichée par le pouvoir militaire, ce programme pourrait finalement connaître une mise en œuvre réelle.


L’économiste soutient aussi qu’on ne peut non plus compter sur la production de pétrole pour booster la croissance.


"Vous prenez par exemple le pétrole brut, on a eu quand-même quelques désagréments qui n’ont certainement pas été pris en compte par la BAD"
, rappelle-t-il revenant sur la crise avec le voisin béninois qui a eu des conséquences sur le transit de l’or noir nigérien jusqu’à la plateforme pétrolière de Sèmè-Kpodji à quelques kilomètres de Cotonou.

D’après Harouna Illiassou, la Bad devrait souligner les efforts du pouvoir militaire à Niamey pour lutter contre la corruption. Selon lui, la bonne gestion des ressources publiques entre en grande partie dans la relance annoncée.


Quant à la Banque mondiale, elle annonce aussi une relance de l’économie nigérienne mais note entre autres, que le retrait du Niger de la CEDEAO pourrait entraîner d’importantes perturbations sur la libre circulation des biens, des services, des capitaux et de la main-d’œuvre.

Selon la Banque mondiale, cette situation pourrait aller jusqu’à avoir des répercussions sur le commerce dans la zone UEMOA, dont le Niger est toujours membre. Là aussi, Harouna Illiassou pense que l’institution financière internationale fait une mauvaise lecture.


"On est dans un processus progressif de quête de souveraineté. Il y aura certainement, une création d’une monnaie qui sera connue aux Etats de l’Alliance des Etats du Sahel et cela sous-entend que nos trois pays vont certainement aussi, quitter l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMAO). Par conséquent, cette nouvelle monnaie sera certainement le moteur pour booster les économies des trois pays"
, analyse-t-il.

Dans son rapport publié début octobre, la Banque mondiale précise également que malgré la hausse prévue de l’inflation en 2025-2026, le taux d’extrême pauvreté devrait diminuer grâce aux fortes projections de croissance du Produit intérieur brut et de la production agricole. L’institution ajoute toutefois, que les tensions avec le voisin béninois pourraient continuer à affecter l’économie nigérienne.

Par
Yasser Ulrich

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