Elections en Afrique du Sud: les militants derrière Zuma en pays zoulou

09:5526/04/2024, Cuma
AFP
Les partisans du nouveau parti d'opposition uMkhonto we Sizwe (MK) Party chantent et scandent lors d'un rassemblement électoral devant la propriété de leur membre et ancien président sud-africain Jacob Zuma à Nkandla, KwaZulu-Natal, le 25 avril 2024.
Crédit Photo : Phill Magakoe / AFP
Les partisans du nouveau parti d'opposition uMkhonto we Sizwe (MK) Party chantent et scandent lors d'un rassemblement électoral devant la propriété de leur membre et ancien président sud-africain Jacob Zuma à Nkandla, KwaZulu-Natal, le 25 avril 2024.

"Zuma ! Zuma !" Des militants de l'ancien président sud-africain Jacob Zuma, qui fait un retour inattendu en politique en volant la vedette à l'ANC, parti historique, à un mois d'élections cruciales pour le pays, ont fêté leur héros jeudi dans son bastion du pays zoulou.

Adossé à un petit parti radical de gauche, uMkhonto weSizwe (MK), Zuma, 82 ans, est omniprésent dans les médias ces dernières semaines.


"C'est comme si les élections étaient déjà derrière nous ! Comme si on avait déjà gagné",
s'est exclamé le leader sous les vivats d'une foule de plusieurs centaines de personnes.
"Après le vote, nous ferons des miracles",
a-t-il encore promis.
"Nous allons changer tout ce qui ne va pas".

Les sondages lui donnent jusqu'à 13% d'intentions de vote, lors du scrutin du 29 mai, chiffre impensable quand il a annoncé en décembre son ralliement à ce parti récemment créé, dont le fonctionnement reste largement opaque.

Qui sont donc les plus fervents supporters du MK ?


"Beaucoup de personnes âgées, qui se souviennent qu'ils ont été pris en charge" l
orsqu'il a été président de 2009 à 2018, "et que leurs minima sociaux ont augmenté chaque année", explique Mxolisi Thuseni, 52 ans.

"Les jeunes qui se sentent désespérés face à l'avenir et d'anciens membres de l'ANC et du (parti zoulou) Inkhata, déçus, ont aussi rejoint le MK",
ajoute l'entrepreneur en bois de construction.

Nompilo Ngoma, 25 ans, qui veut contribuer au succès de son champion, résume:


Je suis frustré en tant que jeune chômeur dans ce pays. Je veux du changement.

Sous un soleil de plomb, la foule en vert et jaune a chanté et dansé tout l'après-midi, brandissant des drapeaux, dans un vaste champ à proximité de la luxueuse résidence privée de l'ancien chef d'État, perdue dans la campagne zouloue.


Le meeting a été l'occasion de présenter plusieurs véhicules de campagne et d'autres matériels pour le porte-à-porte des dernières semaines avant le scrutin.


"Il aime les gens"


La province du Kwazulu-Natal, une des plus peuplées du pays et fief historique de l'ANC, au pouvoir sans interruption depuis 1994, est un enjeu majeur du scrutin. L'ANC y est particulièrement divisée, face au parti Inkhata qui continue de peser, et l'irruption du MK devrait encore compliquer la donne.


La campagne environnante, parsemée de collines et de vaches ruminant dans l'ombre des arbres, compte quelques maisons rondes traditionnelles, bien modestes comparées à l'immense propriété de l'ex-chef d'État, aux nombreuses dépendances, sans oublier un héliport.

Zuma avait été destitué en 2018 après avoir accumulé un nombre intenable de casseroles. Mais le leader roublard, self-made-man et orateur hors pair, conserve une forte popularité, notamment dans sa région d'origine.


"Zuma est super intelligent, c'est le seul à pouvoir résoudre les problèmes de l'Afrique du Sud",
annonce sans nuance Asanda Ndima, jeune femme de vingt ans sans emploi.

L'ANC, son ancien parti du cœur qu'il juge aujourd'hui dévoyé, devrait perdre sa majorité parlementaire, s'accordent à dire les sondages récents, certains suggérant qu'il pourrait même plonger aux alentours de 40%.

"J'ai voté pour l'ANC toutes ces années",
soupire Mxolisi Thuseni. Après l'élection de Nelson Mandela,
"on a vu une lueur de liberté mais depuis tout se casse la gueule".
Chômage, inégalités, accès à l'eau ou l'électricité notamment.

Zuma est
"pro-noirs"
et a
"fait avancer les communautés noires sous son mandat. D'autres ont vu cela comme une menace et l'ont expulsé de ses fonctions",
analyse-t-il, conforme à la rhétorique victimaire qui revient volontiers dans la bouche de l'ex-président, accusé de corruption à grande échelle.

Un peu plus loin, Zamandlala Ndlala, 54 ans, apparaît derrière un arbre, des épinards juste cueillis dans les mains.


"Zuma apporte de bonnes choses, il aime les gens",
dit-elle avec simplicité.
"Nous allons voter pour le MK car nous voterons pour le nom de Zuma".

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