L'objectif de cet atelier est principalement d'évaluer l’état général de la recherche sur l'Afrique en Türkiye et de promouvoir une discussion approfondie sur le rôle de la recherche dans le développement de l'Afrique, ainsi que de mettre en évidence les perspectives africaines sur les études et les questions liées au continent dans la sphère intellectuelle turque.
Organisé en plein cœur d'Istanbul, le "Premier Atelier Prafrica" vise à fournir une plateforme d'échange et de réseautage entre les chercheurs africains, les décideurs politiques et les autres parties prenantes intéressées par le développement du continent.
Animé par des chercheurs, doctorant, expert et spécialiste dans différent domaine, l'atelier s'est déroulé en deux sessions qui regroupent huit diverses présentations.
Lors de la première session, les questions de l'intelligence artificielle, des maladies infectieuses, de l'intégration et de la démocratie en Afrique ont été discutées.
Doctorant en Biologie à l'Université d'Istanbul, Souandaou ATHOUMANI ALI a d'abord mis l'accent sur les maladies infectieuses en Afrique, en particulier sur les raisons de la prévalence du paludisme sur le continent. Par ailleurs Secrétaire générale de PRAFRICA, Mlle Athoumani souligne que les pays africains doivent améliorer leurs méthodes d'éradication de ces maladies infectieuses, dont les virus subissent des mutations constantes, pour lutter efficacement contre ces fléaux.
Proposant diverses solutions pour faire face au paludisme Souandaou ajoute:
Autant nous ayons une maîtrise sur les vecteurs, nous pourrions pour autant lutter efficacement contre le paludisme. Cela vaut pour toutes les maladies infectieuses.
En ce qui concerne la technologie, l'importance de l'intelligence artificielle pour le développement du continent et la nécessité pour l'Afrique de ne pas manquer la troisième révolution industrielle, exprime Moustapaha Aminou TUKUR, doctorant en science de technologie a l'Université Yıldız Technique d'Istanbul.
M. Tukur martèle:
L'intelligence artificielle est un outil précieux qui permet la facilité du travail humain et il est crucial pour l'Afrique aujourd'hui de l'utiliser selon ses besoins du moment.
Dans la même session, Moussa Hissein MOUSSA, auteur et doctorant en économie politique à l'Université d'Istanbul, a souligné que l'intégration du continent devient urgente avec l'expansion du Bloc BRICS vers le continent. Moussa tire l'alarme sur les éventuelles nuisances que ce Bloc multi-idéologique pourrait causer à l'Afrique.
L'Afrique doit, avant toute chose réaliser son intégration. Celle-ci lui permettrait d'être autosuffisante dans tous les domaines, mais aussi d'être un bloc décisionnel et incontournable du système mondial.
Dans ce contexte, l'exemple de la CEDEAO a été discuté au niveau régional, mais il a été mentionné que cette organisation doit procéder à des changements radicaux et éliminer les problèmes en son sein.
Abdoul-Aziz DABRE, chercheur sur les questions des crises politiques en Afrique de l'Ouest, a abordé les multiples coups d'État qui sévissent dans les pays de l'Afrique de l'Ouest. Soulignant que les coups de force ne pourront en aucun cas résoudre les problèmes, Dabre a mis l'accent sur la refondation des institutions républicaines mais aussi le renforcement des droits civiques.
A ce titre, M. Dabre met l'accent:
Les urnes sont le seul moyen susceptible de sortir les pays africains de cette impasse de gouvernance, car les coups d'État n'entraînent qu'un cycle de coups d'État et ainsi de suite.
La deuxième session a abordé un large éventail de questions en Afrique, de la démocratie à la sécurité, de la géopolitique au terrorisme.
La session a débuté avec la problématique du terrorisme de Boko Haram dans le bassin du Lac-Tchad, présentée par Koché Adam Mahamat ALI, doctorant en études régionales à l'Université des Sciences d'Ankara. Koché a exposé les origines de ce défi sécuritaire qui menace directement des millions de paisibles citoyens sahéliens, mais qui concerne également indirectement toute la communauté sous-régionale (Afrique centrale et Afrique de l'Ouest), régionale (l'Union Africaine) et internationale (l'ONU).
Soulignant que les états du basin du Lac-Tcahd doivent mettre en synergie leurs forces afin de lutter efficacement, M. Koché signifié:
Bien que la question de Boko Haram soit perçue comme un défi sécuritaire, elle reste plus que jamais socio-économique. Tant que les États africains ne placent pas les politiques sociales au centre de leurs préoccupations, le terrorisme ne saura être arrêté.
Ensuite, la question de la démocratie en Afrique a été abordée et il a été souligné que le développement du continent passera par la bonne gouvernance, c'est-à-dire que la démocratie est indispensable.
Abdoul Fathi SANOGO, chercheur sur les questions de la démocratie en Afrique et par ailleurs Coordinateur Général de PRAFRICA a souligné que cette démocratie devrait être redéfinie en fonction du continent et l'exemple de la mise en place d’un groupe de sage composé des personnes de traditions et de coutume, ainsi que le renforcement du système de recevabilité des dirigeants donné dans le contexte a été mis en exergue.
Rappelant que la démocratie n'est pas nouvelle pour l'Afrique, SANOGO affirme:
La démocratie est une norme internationale que chaque pays implémente selon ses réalités nationales et les pays africains doivent en faire autant pour la bonne marche de la vie de la société.
Sous le même thème, Alioune Aboutalib LO, doctorant en Relations internationales et éditeur à Nouvelle Aube, a abordé la question de la politique africaine de la France et les mutations géopolitiques en Afrique de l'Ouest.
Il a révélé que la France n'est plus en mesure de lire correctement les dynamiques régionales et perd progressivement sa sphère d'influence en raison de ses mauvaises politiques africaines.
Ajoutant que les temps des diktats sont révolus et que le pré carré d'antan n'existe plus, LO a attiré l'attention sur un point:
En voulant sortir de l'emprise française, certaines nations se trompent en se réfugiant sur d'autres cieux impérialistes. Cela pourrait avoir des conséquences plus néfastes et irréversibles.
Convaincu que l'Afrique dispose de toutes les expertises et expériences nécessaires pour amorcer son développement, Alitine a souligné:
La clé du développement du continent réside dans la production de valeur ajoutée, offrant les meilleures solutions durables, la meilleure et durable des solutions.
L'atelier a été suivi par plus de 100 personnes, issues du monde académique, de la société civile et des membres de la presse locale.