Cambodge: un projet controversé de crédits carbone relancé

15:4711/09/2024, Çarşamba
AFP
Deux femmes appartenant à une communauté autochtone récoltaient du riz dans un des villages inclus dans le projet Southern Cardamom REDD+ dans la province de Koh Kong, au Cambodge.
Crédit Photo : X /
Deux femmes appartenant à une communauté autochtone récoltaient du riz dans un des villages inclus dans le projet Southern Cardamom REDD+ dans la province de Koh Kong, au Cambodge.

Au Cambodge, un projet de compensation des émissions de gaz à effet de serre par le biais de crédits carbone achetés par les entreprises va reprendre, après avoir été suspendu plus d'un an à la suite d'accusations d'atteintes aux droits de l'homme, a annoncé l'organisme de certification américain Verra.

Nommé
"Southern Cardamom REDD+"
, ce projet avait été interrompu après la publication d'un rapport de l'ONG Human Rights Watch (HRW) faisant état d'expulsions forcées et de harcèlement des habitants vivant à proximité de la forêt protégée par celui-ci.

Le projet, qui couvre plus de 450.000 hectares, génère des crédits carbone que les entreprises achètent afin de
"compenser"
leurs émissions, pour protéger des forêts qui auraient, sinon, été rasées.

Cependant, selon HRW et des habitants, des gardes forestiers et des employés du groupe Wildlife Alliance (WA), qui supervise le projet, auraient détruit des cultures, démantelé des maisons et mis le feu à du riz. De plus, la zone protégée serait mal délimitée, selon des habitants, qui regrettent de ne pas avoir été suffisamment consultés sur le projet.

Le certificateur américain de crédits carbone Verra, aux méthodologies critiquées, a cependant estimé mardi que Wildlife Alliance avait pris des
"mesures suffisantes"
pour répondre à ces accusations, en améliorant le processus de consultation de la population locale et en révisant le traitement des plaintes.

Ces mesures
"répondent aux préjudices allégués, atténuent le risque de préjudice futur"
et permettent une
"amélioration continue du projet"
, a affirmé cet organisme, sans préciser si les griefs de HRW étaient fondés.

Pour Wildlife Alliance, l'examen réalisé par Verra n'a révélé
"aucune non-conformité"
avec les normes appliquées par le certificateur, selon un communiqué du groupe.

Cependant, Luciana Tellez Chavez, auteure principale du rapport initial de Human Rights Watch sur le projet, juge que l'évaluation de REDD+ faite par Verra est très insuffisante.
"Verra n'a pas interrogé une seule victime de ce projet"
, déplore la chercheuse spécialiste de l'environnement et des droits de l'homme. Elle a déclaré:

Leur rapport ne contient pas de conclusions indépendantes: il se contente de réitérer les affirmations de Wildlife Alliance, qui estime ne pas avoir fait quoi que ce soit de mal.

Le projet est situé dans la région des monts Cardamome, qui abritent de luxuriantes forêts tropicales où vivent des dizaines d'espèces menacées, un territoire choisi pour la réintroduction des tigres, disparus au Cambodge.


Dans ce pays qui affiche l'un des taux de déforestation les plus élevés au monde, les projets de crédit carbone ont été présentés comme un moyen de protéger les forêts tropicales tout en versant des compensations financières aux communautés locales.

Toutefois, le secteur a été ébranlé par des scandales répétés, en particulier liés à la surévaluation des déclarations d'émissions évitées. Ces projets entrent aussi souvent en conflit avec les intérêts des communautés locales, privées de terres autrefois disponibles pour l'agriculture ou les rites religieux.


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