Pas de reflux de l'inflation au Royaume-Uni, en pleine crise du coût de la vie

13:3021/06/2023, Çarşamba
MAJ: 21/06/2023, Çarşamba
AFP
Crédit photo: HENRY NICHOLLS / AFP
Crédit photo: HENRY NICHOLLS / AFP

L'inflation au Royaume-Uni, la plus élevée des pays du G7, n'a pas reflué en mai, se maintenant à 8,7% sur un an, dans un pays en proie à une sévère crise du coût de la vie.

Ce chiffre têtu, alors que les analystes misaient sur un repli modeste, rend une hausse de taux d'intérêt de la Banque d'Angleterre quasi certaine pour jeudi, quand elle annoncera sa nouvelle décision de politique monétaire.


"Les prix des voyages aériens, des divertissements et biens ou services culturels, et ceux des voitures d'occasion ont été les plus gros facteurs"
de résistance de l'inflation, notamment les tarifs de réservation des concerts, détaille l'Office national des statistiques (ONS) mercredi dans son rapport mensuel.

Le mois dernier, un afflux de touristes liés à un concert de la superstar américaine Beyonce - qui s'est également produite au Royaume-Uni en mai - avait été cité par un économiste comme un facteur contribuant à la persistance d'une inflation très élevée en Suède.

Maigre consolation: les tarifs des carburants ont ralenti leur progression le mois dernier au Royaume-Uni. La flambée des prix alimentaire a un tout petit peu marqué le pas également, mais se maintient à des niveaux historiquement très élevés à plus de 18% sur un an.

"Près de 70% des ménages sont soit 'extrêmement' soit 'très inquiets' de la hausse des prix de l'alimentation et des boissons"
, relève le cabinet d'études Kantar.

"Nous savons combien l'inflation élevée fait du mal aux familles et aux entreprises à travers le pays"
, a commenté le ministre des Finances Jeremy Hunt dans un communiqué.

La Banque d'Angleterre, qui tente depuis des mois d'éteindre la flambée des prix, devrait jeudi augmenter de nouveau son principal taux d'intérêt, actuellement à 4,50%. La question étant désormais pour les économistes de savoir si la hausse sera de 25 ou 50 points de base.


Ce qui devrait mettre encore la pression sur les finances des ménages dont les remboursements de crédits immobiliers ne cessent de grimper.


Nation de stagflation


Paul Dales, de Capital Economics, estime que
"l'accélération de l'inflation sous-jacente
(hors alimentation, énergie, etc.)
fait du Royaume-Uni une anomalie et une nation de stagflation"
.

Le cas de l'inflation têtue au Royaume-Uni a amené le gouverneur de la Banque d'Angleterre Andrew Bailey à admettre que les prévisions de l'institution n'avaient pas été fiables, et que les prix mettraient plus de temps que prévu à marquer le pas.

Une situation qui contraste avec les États-Unis où la Réserve fédérale a fait une pause dans ses hausses de taux directeurs grâce à un fort ralentissement de l'inflation en mai, à 4,0% sur un an.


Dans la zone euro, elle s'est repliée à 6,1% en mai, après 7% en avril.

Le Royaume-Uni a pâti d'une dépendance plus forte que dans beaucoup de pays européens, notamment la France, au gaz pour son chauffage, et a subi de plein fouet la crise énergétique qui a suivi le début de la guerre en Ukraine.


S'y est ajouté le choc de la reprise post-covid, entre perturbations logistiques et manque de personnel. Des facteurs qui ont pesé sur les économies à travers le monde, notamment aux États-Unis, mais aggravés au Royaume-Uni par le Brexit, comme l'a rappelé ce week-end l'ex-gouverneur de la Banque d'Angleterre Mark Carney.


Les tensions sur le marché du travail, qui participent largement à l'emballement des prix, sont également accentuées par un autre facteur au Royaume-Uni: un record de personnes forcées de sortir du marché du travail, victimes de maladies de longue durée.


En parallèle, les mouvements de grève se multiplient dans de nombreux secteurs, des médecins aux enseignants en passant par le clergé anglican, pour réclamer des revalorisations salariales.


Un contexte économique qui se ressent sur les comptes publics: la dette nette du secteur public à fin mai a atteint 2.567,2 milliards de livres, soit 100,1% du PIB, la première fois depuis 1961 que ce chiffre dépasse 100%, même si l'ONS prévient qu'il pourrait être révisé.

En mai, l'emprunt public a quasi doublé sur un an à 20,0 milliards de livres, sous le poids des aides à l'énergie et des augmentations des rémunérations pour les employés de l'État.


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