Stockage de CO2: l'UE adopte un système de certification

19:0320/02/2024, mardi
AFP
Débat au parlement européen de Strasbourg, le 7 février 2024.
Crédit Photo : FREDERICK FLORIN / AFP
Débat au parlement européen de Strasbourg, le 7 février 2024.

L'UE a conclu mardi un accord sur de nouvelles normes pour certifier le stockage de carbone, notamment celui absorbé dans les sols agricoles.

Eurodéputés et négociateurs des Etats membres se sont entendus dans la nuit sur ce premier cadre de certification européen, alors que Bruxelles mise fortement sur la capture de CO2 pour réduire ses émissions nettes.


L'ONG Carbon Market Watch s'inquiète, elle, d'un cadre trop vague et de garde-fous insuffisants pour éviter que le dispositif ne soit
"manipulé"
et ne sape les efforts de réductions d'émissions.

Sont notamment concernées les technologies --pas encore opérationnelles à grande échelle-- visant à capter le CO2 sur des sites industriels (sidérurgie, cimenterie, chimie, centrales électriques...) pour l'injecter dans des réservoirs géologiques hermétiques, ou l'employer pour la fabrication de carburants synthétiques.


Mais la nouvelle législation couvre aussi les activités agricoles et de sylviculture permettant de stocker le carbone dans des prairies, forêts ou tourbières, ou des bâtiments construits en bois.

Plus encore:
"La réduction des rejets de méthane provenant (des élevages de ruminants) ou de la gestion du fumier du bétail sera prise en compte"
lors d'une révision prévue en 2026, précise le Parlement européen dans un communiqué.

Le texte fixe des normes pour
"quantifier, surveiller et vérifier les absorptions"
et faciliter ainsi les financements ou les aides publiques --ce qui pourrait ultérieurement ouvrir la voie à l'obtention et à la vente de crédits sur le marché du carbone, une perspective de revenus supplémentaires pour des agriculteurs sous pression.

Les absorptions pourraient être certifiées sous strictes conditions, s'il est stocké dans la durée, sous étroite surveillance, et répond à des exigences de
"durabilité".

Les absorptions
"permanentes"
doivent permettre de stocker le carbone sous terre
"pendant plusieurs siècles"
, le stockage dans des produits durables (construction en bois...) doit durer
"au moins 35 ans"
. Et les activités agricoles fixatrices de carbone (absence de labours, cultures de couverture, réduction d'engrais...)
"doivent être maintenues pendant au moins cinq ans".

"Ce texte fera de l'UE un leader mondial dans l'élimination du carbone, encouragera les investissements privés et développera les marchés volontaires du carbone"
, estime l'eurodéputée rapporteure du texte (PPE, droite) Lidia Pereira. 

Ce cadre commun vise à
"réguler un marché en proie au greenwashing, au manque de clarté, à la défiance générale",
soulignait-elle en novembre 

La législation prévoit ainsi un
"registre public européen"
pour
"éviter les risques de fraude et de double comptabilisation des absorptions de carbone".

L'accord trouvé doit encore être formellement approuvé par les Etats et les eurodéputés en séance plénière.


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