
Du 15 au 30 janvier 2026, la P21 Gallery à Londres accueille Posters to the Olive Tree of Exile ("Affiches pour l’olivier de l’exil"), une exposition personnelle de l’artiste turc Yusuf Aygeç. À travers une série de dessins d’une grande sobriété formelle, l’artiste inscrit son travail dans une démarche de mémoire, de témoignage et de résistance, en écho direct à la destruction de Gaza depuis octobre 2023, largement qualifiée par des organisations internationales de défense des droits humains comme étant de nature génocidaire.
Un art du témoignage contre l’effacement
Sous le commissariat de Samed Karagöz, l’exposition met en lumière la capacité de l’art à préserver la mémoire et à témoigner, en particulier dans le contexte des attaques incessantes menées par Israël contre Gaza depuis octobre 2023. Cette destruction, décrite par de nombreux acteurs internationaux comme un crime contre l’humanité, constitue le cadre politique et moral dans lequel s’inscrit le travail de Yusuf Aygeç.

L’artiste ne cherche pas à représenter frontalement la violence. Ses œuvres n’illustrent ni les bombardements ni les ruines spectaculaires. Elles donnent à voir ce que la guerre laisse dans les corps et les esprits : le deuil, l’exil, la perte, mais aussi une forme de résistance silencieuse. Le dessin devient ici un espace de retenue, presque de recueillement, face à un monde saturé d’images brutales.
L’olivier de l’exil, symbole central
Chez Aygeç, ce symbole structure l’ensemble de l’exposition. Le trait, fragile mais précis, agit comme un lien entre mémoire individuelle et mémoire collective. L’exposition se construit ainsi comme une archive visuelle contre l’oubli, rappelant que l’effacement de la mémoire est aussi un instrument politique.
Gaza, mémoire empêchée et résistance esthétique
Depuis octobre 2023, Gaza a connu la destruction de quartiers entiers, le déplacement massif de populations civiles et le ciblage systématique d’infrastructures vitales. Face à cette réalité, l’exposition ne se contente pas de proposer une lecture esthétique. Elle interroge la manière dont l’histoire est écrite, racontée ou volontairement effacée.

Les dessins de Yusuf Aygeç rendent visibles les répercussions psychologiques et émotionnelles de cette violence. Ils s’opposent à la normalisation du désastre et rappellent que se souvenir devient, dans certains contextes, un acte de résistance. L’art ne se substitue pas au politique, mais il refuse de se taire lorsque le silence devient complice.
Mahmoud Darwich, la poésie comme fil de mémoire
L’exposition dialogue également avec l’œuvre du poète palestinien Mahmoud Darwich. Plusieurs dessins font écho à ses vers, qui traversent l’espace de la galerie comme un souffle discret. Cette présence poétique ne relève pas de l’illustration, mais d’une continuité symbolique.
Les mots de Darwich et les images d’Aygeç se répondent pour construire une mémoire partagée de l’exil, de la terre perdue et de l’attachement irréductible à ce qui demeure. La poésie devient ainsi une autre forme d’archive, aussi essentielle que le dessin pour lutter contre l’effacement.
Une exposition au moment décisif
Yusuf Aygeç et Samed Karagöz
Né en 1989 à Istanbul, Yusuf Aygeç est diplômé du département de peinture de la faculté des beaux-arts de l’université de Marmara. Son travail se concentre sur les notions de mémoire, d’espace et d’identité. Il a présenté des expositions personnelles à la C.A.M Gallery et à la Merkur Gallery, et participé à des événements internationaux tels que Contemporary Istanbul et Christie’s Dubai.

Par ailleurs, l’exposition est commissariée par Samed Karagöz, curateur, écrivain et producteur de télévision, dont le travail s’articule autour de la mémoire, de l’exil, de la résistance et des esthétiques politiques contemporaines.









