Climat: L'Opep qualifie de "fantasme" la sortie des énergies fossiles

15:3825/09/2024, mercredi
AFP
Forage d'un nouveau puits de pétrole à Poliny, en Seine-et-Marne.
Crédit Photo : DAMIEN MEYER / AFP Archive
Forage d'un nouveau puits de pétrole à Poliny, en Seine-et-Marne.

L'Opep prévoit une augmentation de la demande de pétrole jusqu'en 2050, en opposition aux objectifs climatiques et aux prévisions de l'AIE.

La sortie des énergies fossiles est un
"fantasme"
pour l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui prévoit que la demande en or noir continuera de progresser au moins jusqu'en 2050, une date symbolique dans la lutte contre le changement climatique, selon un rapport publié mardi.

L'Opep anticipe une augmentation de la demande de 17 % entre 2023 et 2050, passant de 102,2 millions de barils par jour (mb/j) à 120,1 mb/j à la fin de cette période.

Elle révise également à la hausse sa projection pour 2045, estimant la demande à 118,9 mb/j contre 116 mb/j dans la précédente édition de son rapport sur les perspectives de la demande pétrolière mondiale, dont la dernière version a été dévoilée mardi.


"Ces prévisions soulignent que le fantasme d'une sortie progressive du pétrole et du gaz n'est pas conforme à la réalité"
, déclare l'organisation dirigée par l'Arabie saoudite, qui critique vivement le rythme de la transition énergétique.

Ces prévisions s'opposent aux efforts nécessaires pour limiter le réchauffement planétaire.


Elles contrastent aussi fortement avec celles de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), qui prévoit un pic de la demande pour toutes les énergies fossiles — pétrole, gaz et charbon —
"dans les prochaines années"
de la décennie en cours, grâce au développement des énergies plus propres et des véhicules électriques.

Le président de l'AIE, Fatih Birol, a indiqué que la croissance de la demande mondiale
"ralentit à moins d'un million de barils par jour cette année"
, une tendance qui devrait se poursuivre en 2025. Il a attribué ce ralentissement à la baisse de l'économie chinoise et à l'électrification des transports.

Lors de la COP28 à Dubaï en 2023, la communauté internationale s'est engagée à réduire progressivement les énergies fossiles et à tripler la capacité des énergies renouvelables d'ici 2030, afin d'atteindre la neutralité carbone en 2050, conformément aux recommandations des experts climatiques.


L'Opep, pour sa part, n'anticipe pas de baisse de la demande, à l'exception de celle du charbon, et prévoit, en plus du pétrole, une forte croissance de la demande de gaz, bien que moins importante que celle de l'éolien et du solaire réunis, qu'elle prévoit de quintupler entre 2023 et 2050.

Cependant, l'évolution de la demande pétrolière sera très disparate: sa croissance sera principalement tirée par les pays hors OCDE, en particulier l'Inde, tandis qu'elle diminuera à partir de 2030 dans les pays de l'OCDE (principalement les pays développés). L'Inde, à elle seule, verrait sa demande augmenter de 8 mb/j entre 2023 et 2050.


Parmi les principaux facteurs soutenant cette demande de pétrole et d'énergie en général, figure la croissance de la population mondiale, qui passerait d'environ 8 milliards d'habitants aujourd'hui à 9,7 milliards d'ici 2050, avec une augmentation tirée principalement par les pays hors OCDE, notamment en Afrique et en Asie.

Domination des véhicules thermiques


En ce qui concerne les secteurs,
"la plus forte demande supplémentaire au cours de la période de prévision est attendue dans les secteurs de la pétrochimie, du transport routier et de l'aviation"
, précise le rapport.

Malgré la montée en puissance des véhicules électriques, l'Opep estime que les véhicules thermiques
"devraient continuer à dominer le transport routier".

Le cartel met en avant plusieurs
"obstacles"
à l'essor des véhicules électriques: les infrastructures électriques, la capacité de production de batteries et l'accès aux minéraux essentiels.

De manière générale, l'Opep salue le
"jalon important"
qu'a représenté la COP28, organisée par l'un de ses membres à Dubaï, qui avait marqué
"le début de la fin"
des énergies fossiles.

Elle s'attend toutefois à une
"pression"
, tant de la part des décideurs politiques que des populations, contre des ambitions jugées
"trop élevées"
en matière de développement des énergies renouvelables ou des véhicules électriques.

Cette prise de position intervient après l'annonce de la suppression de 1 600 emplois par le géant suédois des batteries Northvolt, en raison notamment du ralentissement de la demande.

Afin de répondre à cette demande croissante de pétrole, l'Opep estime que plus de 17 000 milliards de dollars (environ 15,2 milliards d'euros) d'investissements cumulés seront nécessaires pour le secteur, soit environ 640 milliards de dollars par an en moyenne d'ici 2050, principalement pour l'exploration et la production de pétrole.


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