Ils ont beau sabrer depuis des mois leur production d'or noir, les cours peinent à remonter. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et leurs dix alliés de l'OPEP+ semblent avoir perdu de leur influence.
Dissensions, concurrence américaine et fébrilité face à l'urgence climatique: le point sur un cartel sous pression.
Du rififi dans les rangs
Malgré les nouvelles coupes annoncées en novembre, les prix du brut restent bloqués au plus bas depuis juin (entre 70 et 80 dollars le baril), tout en restant au-dessus de la moyenne des cinq dernières années.
La stratégie a fonctionné un temps, le Brent, référence européenne du pétrole, frôlant fin septembre les 100 dollars sur fond de craintes de fort déficit d'or noir. Mais depuis, c'est la dégringolade.
Ryad blâme les spéculateurs, d'autres la demande économique morose mais un autre facteur essentiel joue: le manque d'unité.
L'Angola et le Nigeria se sont montrés mécontents de leurs quotas lors de la dernière réunion ministérielle de l'alliance, d'ailleurs reportée de plusieurs jours en raison de désaccords.
Et l'OPEP+ n'est pas parvenue à s'entendre sur une baisse de volume à l'échelle des 23 pays membres. L'Arabie saoudite, désireuse de partager le fardeau, n'a trouvé du soutien que parmi sept autres pays.
Fondée en 1960, l'OPEP, qui réunit 13 membres sous la houlette de Ryad, a noué en 2016 une alliance avec dix autres pays, dont Moscou, sous la forme d'un accord appelé OPEP+, dans l'optique de limiter l'offre et soutenir les cours face aux défis posés par la concurrence américaine.
Une part de marché qui diminue
L'OPEP, qui a son siège à Vienne, s'est largement imposée sur la scène internationale en octobre 1973, quand elle a décrété un embargo contre les alliés d'Israël en pleine guerre du Kippour.
Dans les années 1980, face à la montée en puissance d'autres producteurs, il établit son fameux système de quotas qui lui permet d'influer ponctuellement sur le marché.
Une stratégie qui a relativement bien fonctionné pendant la crise financière de 2008 ou le choc de la pandémie de Covid-19, malgré des dissensions internes parfois spectaculaires.
Les Etats-Unis, numéro un mondial, écoulent en parallèle une quantité record, dépassant les 20 millions de barils quotidiens grâce à l'abondance du pétrole de schiste. La production du Brésil et du Guyana s'est également envolée.