Crédit photo: TED ALJIBE /archives / AFP
Un policier philippin a été reconnu coupable du meurtre de deux adolescents commis durant la guerre antidrogue du gouvernement de Rodrigo Duterte, selon des documents judiciaires consultés mardi, ce qui constitue une rare condamnation d'un des acteurs de la répression.
Le 1er mars, un tribunal de Manille a reconnu Jefrey Perez coupable du meurtre en 2017 de Reynaldo De Guzman, 14 ans, et de Carl Arnaiz, 19 ans, selon le document du verdict consulté par l'AFP.
M. Perez a été condamné à une peine d'emprisonnement d'au moins 20 ans.
Il purgeait déjà une peine de prison de longue durée pour avoir été jugé coupable de torture sur les deux adolescents par un autre tribunal en novembre.
Son co-accusé, le policier Ricky Arquilita, est mort pendant que le premier procès se déroulait. Les deux ont rejeté les accusations dont ils faisaient l'objet.
Les adolescents avaient été vus pour la dernière fois ensemble le 17 août 2017.
Lors des procès, une personne témoin a déclaré avoir vu une voiture de police garée sur le bas-côté et Carl Arnaiz, menotté, descendre du véhicule les mains levées en criant
avant d'être abattu par les agents de police.
Le corps de Reynaldo De Guzman, lui, a été retrouvé quelques semaines plus tard au nord de Manille. Il portait des dizaines de marques de coups de couteau.
Lors de son mandat de six ans arrivé à terme en juin 2022, M. Duterte a ouvertement donné l'ordre à la police d'abattre les personnes soupçonnées de trafic de drogue en cas de menace sur la vie des agents.
Plus de 6.200 personnes sont mortes du fait de cette campagne antidrogue, selon les données officielles, mais des groupes de défense des droits humains estiment que leur nombre s'élève en réalité à plusieurs dizaines de milliers.
Seuls trois policiers avaient auparavant été condamnés pour homicide durant la campagne antidrogue, qui a déclenché une enquête de la Cour pénale internationale (CPI).
Le président Ferdinand Marcos Jr., qui a succédé à M. Duterte, a promis de continuer à mener la guerre antidrogue de son prédécesseur en se concentrant notamment sur la prévention. Des groupes de défense des droits humains soutiennent cependant que les meurtres se poursuivent sous son mandat.
La CPI a dit en janvier qu'elle reprendrait ses investigations au sujet de la guerre antidrogue, sa chambre préliminaire n'étant
"pas convaincue que les Philippines mènent des enquêtes pertinentes qui justifieraient un report des enquêtes de la Cour"
.
Une décision à laquelle Manille a fait appel.
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