Depuis des décennies, Israël et ses alliés tentent de déstabiliser le Hezbollah, sans succès. Pourtant, en l’espace de quelques semaines, Israël réussit des opérations militaires d’une précision déconcertante contre le Hezbollah, sans aucune riposte de l’Iran, son allié de longue date. Une série d’assassinats décime le mouvement libanais, dont son leader emblématique, Hassan Nasrallah, et Téhéran semble regarder ailleurs.
La première vague d'explosions, liée à des bipeurs, a tué 12 personnes, tandis que la seconde, impliquant des talkies-walkies, a causé 25 décès supplémentaires.
Parmi les blessés, 226 sont toujours hospitalisés, dont certains dans un état critique. Plus de 500 personnes ont été gravement blessées aux yeux, avec environ 300 ayant perdu la vue. L'aviation civile a interdit le transport de ces dispositifs à l'aéroport de Beyrouth.
Enfin le 27 septembre, Hassan Nasrallah, l'insaisissable leader du mouvement libanais était frappé, lui et son commandement réuni pour une réunion secrète, dans un bunker enterré plusieurs étages sous terre.
Avec la disparition de Nasrallah, on aurait pu penser qu'Israël allait s'arrêter là. Il n'en fut rien. Israël a frappé dans les jours qui suivent la mort du leader du Hezbollah les alliés de Téhéran en Syrie, en Irak et au Yémen.
En Irak, le 28 et 29 septembre, des frappes israéliennes ont été menées contre des positions de groupes armés en Irak, en réponse à des attaques réciproques. Le bilan des frappes n'est pas encore précisé, mais des tensions croissantes ont été rapportées.
Au Yémen, des frappes ont été signalées sur les ports de Ras Issa et Hodeida le 28 septembre, lesquelles ont fait 4 morts. Deux jours plus tard, le 30 septembre, Israël a mené des frappes sur la ville portuaire de Hodeida, contrôlée par les rebelles houthis, causant plusieurs morts.
Ces événements illustrent l'escalade des tensions dans la région, mais également le silence de Téhéran.
Malgré cette hécatombe, l’Iran, habituellement prompt à réagir, reste sur la réserve. Les observateurs s’interrogent: pourquoi l’Iran n’a-t-il pas riposté, ne serait-ce qu’à travers des frappes de drones ? La réponse pourrait être plus alarmante que prévue: selon des sources sécuritaires libanaises citées par Le Monde, une taupe iranienne aurait transmis aux Israéliens les informations clés ayant permis ces attaques.
Une accusation que semblerait corroborer une vidéo diffusée deux jours avant le décès de Nasrallah par la chaine Al Arabiya, montrant le Dr. Mohammad Ali Al-Husseini, secrétaire général du Conseil islamique arabe au Liban et figure emblématique du chiisme, avertir le leader du Hezbollah par ces mots:
Réunis ta famille, écris ton testament, car celui qui t'a acheté t'a aujourd'hui vendu. Tu es devenu la cible à abattre, écris ton testament.
L’Iran, en proie à des tensions internes et externes, semblerait donc avoir adopté une stratégie de repli face aux enjeux régionaux. Mais à quel prix ? L’abandon du Hezbollah pourrait marquer un tournant dans la lutte d’influence au Moyen-Orient, et signaler un changement de cap dans les relations entre la République islamique et ses alliés régionaux.
Le 30 septembre, le nouveau président iranien, Masoud Pezeshkian, a apporté des éclaircissements sur les coulisses de cette désescalade. Pezeshkian a confirmé que l'absence de représailles iraniennes était conditionnée à une désescalade côté israélien.
Il a dénoncé ces promesses comme mensongères, affirmant que cela ne ferait qu'encourager Israël à commettre davantage de crimes. Cette situation a déclenché des manifestations en Iran, où des citoyens demandent une réponse claire des autorités.
Un jeu géopolitique complexe est en train de se mettre en place. En attendant, comme toujours, ce seront les peuples libanais et palestinien qui en subiront les conséquences.