Qui “décide” aux États-Unis ?

16:4822/12/2024, dimanche
MAJ: 22/12/2024, dimanche
Abdullah Muradoğlu

Jeudi dernier, le porte-parole du Pentagone, le général de division Pat Ryder, a déclaré aux journalistes qu'il y avait 2 000 soldats américains en Syrie. Pourtant, dans des déclarations précédentes, il avait été rapporté que ce chiffre était de “900”. Ryder n'a pas donné d'explication satisfaisante sur les raisons pour lesquelles ces chiffres se contredisent. On aurait dit que Ryder était parvenu à ce chiffre en faisant une sorte de “découverte”. Le général Ryder a déclaré que 1 100 soldats étaient

Jeudi dernier, le porte-parole du Pentagone, le général de division Pat Ryder, a déclaré aux journalistes qu'il y avait 2 000 soldats américains en Syrie. Pourtant, dans des déclarations précédentes, il avait été rapporté que ce chiffre était de “900”. Ryder n'a pas donné d'explication satisfaisante sur les raisons pour lesquelles ces chiffres se contredisent. On aurait dit que Ryder était parvenu à ce chiffre en faisant une sorte de “découverte”.


Le général Ryder a déclaré que 1 100 soldats étaient en Syrie avant le renversement de Bachar al-Assad, mais il n'a pas non plus précisé exactement quand ces soldats avaient été envoyés. Tout en affirmant que le secrétaire à la Défense, Lloyd Austin, était informé de ces chiffres, Ryder a également mentionné qu'il n'avait pas parlé avec le commandant du “Commandement central des États-Unis (CENTCOM)”, Michael Kurilla.


Quant à savoir si le président américain Biden était au courant de ce nouveau chiffre, Ryder a répondu qu'il ne parlerait pas au nom de la Maison Blanche. L'absence de toute déclaration de la Maison Blanche à ce sujet a conduit à l'interprétation selon laquelle Biden pourrait ne pas être informé de ces chiffres non plus. En résumé, les déclarations de Ryder ont suscité plus de “questions” que de “réponses” dans les esprits.


Comme lors de son premier mandat présidentiel, Donald Trump donne maintenant des signaux sérieux indiquant qu'il retirera les troupes américaines de Syrie. En 2018, le secrétaire à la Défense James Mattis avait démissionné en réaction à la décision de Trump de retirer les troupes de Syrie. Suite à Mattis, le représentant spécial des États-Unis pour la Syrie, Brett McGurk, avait également quitté ses fonctions. Tandis que Trump soutenait que la mission militaire des États-Unis en Syrie était accomplie, Mattis et McGurk affirmaient le contraire.


Trump avait déclaré : “Pendant ma présidence, nous avons vaincu Daech, qui était la seule raison de notre présence en Syrie.” Dans un autre message, il s'était plaint : “Si quelqu’un d’autre que Donald J. Trump avait annoncé qu'après avoir éliminé Daech en Syrie, nous ramènerions nos soldats (heureux et en bonne santé) à la maison, cette personne serait le héros le plus populaire d’Amérique.”


Non seulement les républicains, mais aussi de nombreux démocrates avaient réagi à la décision de Trump de retirer les troupes. Parmi les critiques figuraient également les sénateurs républicains faucons Marco Rubio et Lindsey Graham. Actuellement, il reste incertain quelle position Rubio, proposé par Trump pour le poste de secrétaire d'État, adoptera concernant le retrait des troupes américaines de Syrie. Il convient également de rappeler que Brett McGurk, qui avait démissionné de son poste de “représentant spécial pour la Syrie” pour protester contre la décision de Trump de retirer les troupes, a été nommé “coordinateur pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord” par le président américain Joe Biden en janvier 2021.


Bien que Trump ait retiré une partie des troupes de Syrie, il avait été révélé par la suite qu’il avait été trompé par ses propres collaborateurs quant au nombre de soldats restants. James Jeffrey, qui avait succédé à Brett McGurk, avait déclaré après la défaite électorale de Trump en novembre 2020 : “Nous faisions constamment des manœuvres pour que l’administration ne comprenne pas exactement combien de troupes nous avions en Syrie.” Jeffrey avait précisé que Trump pensait que le nombre de soldats en Syrie était de “200”, mais que le chiffre réel était bien plus élevé.


Il est dit que le “CENTCOM” joue un rôle influent dans la poursuite de la présence militaire américaine en Syrie. En effet, James Mattis, qui a pris sa retraite en 2013 en tant que commandant de CENTCOM, a été nommé secrétaire à la Défense par Trump en janvier 2017. Lloyd Austin, qui occupe actuellement le poste de secrétaire à la Défense, avait également pris sa retraite en 2016 après avoir été commandant de CENTCOM.


En conclusion, il convient de dire que Trump poursuit en grande partie sa position de 2018 concernant la Syrie. Cependant, il est important de ne pas perdre de vue les sous-entendus des déclarations faites par les hauts responsables de la sécurité nationale et de la défense de l'administration Biden.


Ces sous-entendus montrent que les États-Unis ont l'intention de maintenir leurs troupes en Syrie de manière indéfinie. Aucune déclaration claire n’a été faite jusqu'à présent sur la durée de la présence militaire américaine en Syrie ni sur les conditions dans lesquelles celle-ci prendrait fin. Malgré les changements radicaux des conditions en Syrie, les troupes américaines continuent de rester sur place. L'analyse des sous-entendus donne l'impression que la présence militaire américaine en Syrie est devenue une fin en soi. Tout le reste semble être une fiction destinée à légitimer cet objectif.

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