Les constructeurs automobiles chinois se révèlent moins agressifs que prévu

11:5727/02/2024, mardi
AFP
Le directeur général de BYD Europe, Michael Shu, présente le SUV géant Yangwang U8 de BYD le 26 février 2024 lors d'une journée de presse du Salon international de l'automobile de Genève à Genève.
Crédit Photo : Fabrice COFFRINI / AFP
Le directeur général de BYD Europe, Michael Shu, présente le SUV géant Yangwang U8 de BYD le 26 février 2024 lors d'une journée de presse du Salon international de l'automobile de Genève à Genève.

Les constructeurs chinois de voitures électriques font leurs gammes en Europe et gagnent des parts de marché, mais pour l'instant, loin du raz-de-marée redouté.

Au salon de Genève, qui a ouvert lundi, BYD et MG faisaient face à l'immense stand de Renault.


Après les Japonais et les Coréens, plusieurs géants de l'automobile chinois ont décidé il y a quelques années de s'attaquer au marché européen.


Ils partaient avec des années d'avance dans la conception de véhicules à batterie et des conditions de production économiques, leur permettant de proposer des prix cassés.

A tel point que la Commission européenne a ouvert en septembre 2023 une enquête sur des subventions présumées illégales de Pékin à ses constructeurs.


Et la France les a privés de bonus à l'achat. Les constructeurs chinois ont réussi à conquérir 6% du marché électrique en Europe en 2023, selon les chiffres de l'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA).

"Ils arrivent mais pas aussi vite que le décrivent les journaux"
, explique Cigdem Cerit, analyste à l'agence Fitch. La petite MG4 ou le SUV BYD Atto3 ne concurrencent qu'à la marge l'Américain Tesla et son SUV Model Y, champion des ventes dans le monde en 2023.

"Ils ne veulent pas arriver trop vite et provoquer la mise en place de barrières tarifaires"
, décrivait lundi le sociologue Tommaso Pardi à Genève. Les automobilistes européens sont très attachés à l'image de marque, décrit Cigdem Cerit.

Pour gagner du temps, certains constructeurs ont acquis des marques connues, comme Geely avec le suédois Volvo et SAIC avec le britannique MG, une marque centenaire qui n'était plus qu'une coquille vide.

Great Wall a tâtonné, en arrivant avec ses propres marques Ora et Wei au salon de Paris en 2022, avant de revoir sa stratégie et de rester sur sa marque principale.


"Ils ont réalisé la complexité du lancement de plusieurs marques. Il faut développer un réseau de distribution, une expérience différente"
, souligne Matthieu Noël, analyste chez Roland Berger.

Ca n'a pas empêché MG de présenter à Genève sa marque de luxe IM (pour
"mobilité intelligente"
), sa coentreprise avec le géant du e-commerce Alibaba. Ses électriques puissantes et dotées d'autonomies immenses comptent directement affronter Tesla.

Pour Julien Robert, patron de MG en France, la notion de marque
"perd de son importance"
. Il décrit ses modèles, dont un inédit cabriolet électrique présenté à Genève, comme
"différents, sympathiques et abordables".

Le géant BYD, qui a dépassé Tesla fin 2023 comme principal producteur de voitures électriques dans le monde, présentait de son côté sa marque de luxe YangWang et son immense SUV de 1.200 chevaux.

"La menace chinoise était forte quand ils cassaient les prix",
explique Matthieu Noël.
"Maintenant, vu que leur volonté est d'être perçus comme des constructeurs de qualité, leur croissance est beaucoup plus lente"
.

Les constructeurs chinois seraient donc entrés dans une deuxième phase sur le marché européen.


Comme un symbole, le premier cargo de BYD a déchargé lundi quelque 3.000 véhicules électriques dans le port allemand de Bremerhaven (Nord). Le constructeur doit aussi ouvrir sa première usine européenne en Hongrie, dans trois ans, comme l'avait fait Toyota en Angleterre en 1992.

MG, qui a vendu environ 200.000 véhicules en Europe en 2023, cherche aussi un endroit où implanter son usine.
"Le marché va être partagé. Il n'y a pas de raisons que les Européens restent en Europe et les Chinois en Chine avec ce marché mondialisé"
, assure Matthieu Noël.

Pour Luca de Meo, patron de Renault et président de l'Association des constructeurs européens, "les Chinois ont pris de l'avance, et si notre but est de décarboner les transports, on devrait coopérer", comme il le fait avec Geely.

M. de Meo revendique s'inspirer d'eux pour leur rapidité à développer des modèles, et leur contrôle de la chaîne de production des batteries.


Aux Etats-Unis, où les constructeurs japonais comme coréens ont aussi gagné d'importantes parts de marché, les constructeurs chinois sont limités pour le moment par leurs modèles, qui correspondent peu aux Américains fans de pickups. Mais c'est
"l'étape suivante"
, selon l'analyste.

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