La banque centrale américaine (Fed) tiendra sa réunion mardi et mercredi.
Ses responsables
"ne sont pas prêts à l'admettre publiquement, mais l'inflation des derniers mois, meilleure que prévu, a écarté la perspective de nouvelles hausses des taux"
, estime Michael Pearce, économiste pour Oxford Economics.
Le principal taux directeur de la banque centrale américaine (Fed) devrait donc rester compris entre 5,25 et 5,50%, son plus haut niveau depuis 22 ans.
"La situation de l'emploi semble toujours excellente et l'inflation diminue très rapidement. Et c'est exactement ce que nous avons promis"
, a récemment salué le président de la Fed de Chicago, Austan Goolsbee.
L'inflation a fortement ralenti, depuis juin 2022, et son sommet en plus de 40 ans.
Elle était, en octobre, de 3,0% sur un an, selon l'indice PCE, jauge privilégiée par la Fed, et de 3,2%, selon l'indice CPI, sur lequel sont notamment indexées les retraites des Américains.
Même Joe Biden, rompant avec la sacro-sainte indépendance entre Fed et pouvoir politique, a jugé vendredi que les données économiques
"n'encourageaient pas la Fed à relever ses taux d'intérêt".
Les hausses de taux, en effet, ralentissent l'activité économique. Et, à moins d'un an de l'élection présidentielle, le président ne veut surtout pas voir la croissance faillir.
Mais gare à ne pas crier victoire trop vite.
"Ces progrès doivent se poursuivre si nous voulons atteindre notre objectif de 2%"
, avait martelé le 1er décembre le président de la Fed, Jerome Powell.
Il avait rappelé que la Fed se tenait toujours prête à relever ses taux si nécessaire, et mis en garde ceux qui les voyaient déjà commencer à baisser.
Il serait prématuré (...) de spéculer sur le moment où la politique pourrait être assouplie.
Les taux se trouvent dans leur fourchette actuelle depuis juillet, après avoir été relevés à 11 reprises.
Déjà, lors de ses deux dernières réunions, en septembre et novembre, la Fed avait décidé de les maintenir à ce niveau. Car ses décisions mettent du temps à agir, et à trop resserrer, c'est la récession qui menace.
En dépit de ces progrès, le ton devrait donc rester prudent. D'autant plus que le marché du travail s'est montré beaucoup plus vigoureux qu'attendu en novembre.
Or, plus de deux ans d'une pénurie de main d'oeuvre ont fait flamber les salaires, alimentant la forte inflation. L'emploi doit donc se rééquilibrer pour espérer une baisse durable de l'inflation.
"La résistance du marché du travail amènera les responsables de la Fed à conserver une certaine option pour de futures hausses de taux, si nécessaire"
, souligne ainsi Lydia Boussour, économiste pour EY.
Nous nous attendons à ce que les responsables (de la Fed) s'abstiennent de parler de baisses de taux avant début 2024.
En novembre, 199.000 emplois ont été créés, plus qu'en octobre et plus qu'attendu - l'une des principales raisons étant cependant la fin d'une grève de six semaines dans l'industrie automobile.
Le taux de chômage a baissé, à 3,7%.
Mais cette vigueur
"ne modifiera pas la décision de la Fed", qui en a "fini avec les hausses de taux"
, estime Ian Shepherdson, chef économiste pour Pantheon Macroeconomics.
Lui aussi pense que Jerome Powell
"repoussera encore une fois l'idée selon laquelle la Fed va bientôt baisser ses taux".
Mais surtout pour empêcher les marchés d'agir comme si la baisse était d'ores et déjà actée, ce qui pourrait faire repartir l'inflation. Ian Shepherdson anticipe ainsi une première baisse
Lors de sa réunion, la Fed actualisera également ses prévisions économiques, en termes d'inflation, chômage, croissance du PIB. Et de niveau des taux.