Le mouvement espère reproduire le succès du siège des autoroutes menant à la capitale qui avait duré un an en 2021. Ce bras de fer contre une libéralisation des marchés agricoles avait poussé le gouvernement du Premier ministre Narendra Modi à abandonner ses projets de réforme agricole.
Depuis la semaine dernière, la police tient à distance une colonne de plusieurs kilomètres d'agriculteurs juchés sur des machines agricoles, près du petit village de Shambhu, à plusieurs heures de route au nord de leur destination prévue.
Les manifestants ont repoussé les tentatives de dispersion par des tirs de gaz lacrymogène et se disent déterminés à franchir les parterres de pointes métalliques et de barricades en béton érigés pour stopper leur progression.
Ils demandent aussi, entre autres concessions, l'annulation des prêts et des pensions universelles pour les agriculteurs âgés de 60 ans et plus.
Les manifestants ont temporairement interrompu leur avancée vers Delhi la semaine dernière en attendant l'issue des négociations entre les ministres du gouvernement et les syndicats.
Mais plusieurs cycles de négociations n'ont pas permis d'aboutir à une percée.
Les manifestations surviennent avant des élections nationales attendues pour avril.
En Inde, deux tiers de la population de 1,4 milliards de personnes dépendent pour vivre de l'agriculture, qui représente près du cinquième du PIB du pays, selon des chiffres officiels.
Mais depuis quelques décennies, les revenus agricoles des Indiens ont largement stagné et le secteur a un besoin aigu d'investissements et de modernisation.
La taille moyenne des exploitations reste modeste : plus de 85% des agriculteurs possèdent moins de deux hectares de terre. Et moins d'un agriculteur sur cent possède plus de 10 hectares, selon une enquête du ministère de l'Agriculture de 2015-2016.
Plus de 300.000 d'entre eux se sont suicidés depuis les années 1990, selon les chiffres officiels, et les agriculteurs sont nombreux à déplorer un état de détresse financière constante.