Türkiye/Séismes: Un Franco-Turc raconte "l'enfer" à Adiyaman

11:5524/02/2023, Cuma
MAJ: 24/02/2023, Cuma
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Crédit photo: AA
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Frappée par deux séismes le 6 février et deux autres le 20 février, la Türkiye a inhumé près de 42 000 personnes, selon le dernier bilan officiel. Lorsque les tremblements de terre ont secoué le pays, à des milliers de kilomètres de la France, ce sont aussi leurs proches qui ont été vivement ébranlés.

En effet, environ 800 mille citoyens d’origine turque, dont une grande partie vient de l’est de la Türkiye, vivent en France. Alors quand ils ont appris la catastrophe, beaucoup d’entre eux ont pris la décision de rejoindre les zones sinistrées afin de pouvoir aider leur famille.


Difficile pour le moment de dire combien de personnes sont directement concernées, mais de nombreux témoignages sur les réseaux sociaux montrent que beaucoup de proches de citoyens franco-turcs ont perdu la vie.


Anadolu a rencontré un de ces Franco-Turcs qui a perdu plusieurs membres de sa famille dans les deux premiers tremblements de terre. Mustafa Afsin est bouleversé par la perte de ses proches, mais il ne se laisse pas faire.

"Le tremblement de terre du 6 février a eu lieu dans le sud-est de la Türkiye où vivent beaucoup de membres de ma famille"
, raconte le jeune Haut-rhinois.Né à Sainte-Marie-aux-Mines, dans le département du Haut-Rhin au sud de Strasbourg, Mustafa Afsin explique
"qu’[il] a eu la mauvaise nouvelle par téléphone le matin même"
.

Selon ses explications, sa famille a
"immédiatement pris la décision de rejoindre [leurs] proches dans les zones sinistrées"
. Leur objectif était de leur donner
"de la force tant qu’ils pouvaient".

J’ai vu l’enfer sur place


Conscient que cela pouvait être très difficile sur place, Mustafa ne pensait pas être témoin d’un tel désastre et affirme avoir vu
"l’enfer".

Le 6 février était d’ailleurs une journée particulière. La neige, le vent et les fortes pluies avaient conduit les autorités turques à annuler les vols dans plusieurs aéroports. C’est pourquoi, le jeune homme de 27 ans a décidé de faire plus de 4 000 km en voiture avec ses frères et ses cousins pour rejoindre la ville de Adiyaman dans le district de Golbasi.


En arrivant sur place, Mustafa ne peut que constater avec tristesse le drame qui s’est produit.
"On a essayé de les secourir, mais ils n’ont pas survécu"
, regrette le jeune homme. Mustapha a perdu dans l’effondrement d’un immeuble la fille et le fils de son oncle paternel. Dans un autre immeuble, la fille de son second oncle est décédée avec ses 3 enfants et son mari.

Incapable de mettre des mots sur la douleur qu’il ressent, Mustafa se console, tout de même, de la solidarité qui s’est rapidement mise en place.
"J’ai vu également qu’il y avait énormément d’aide humanitaire et cela m’a vraiment touché",
explique le jeune homme qui déplore la mort de dizaines de personnes originaires de son village. Ayant beaucoup été touché par cette aide, il se dit
"fier d’être Turc".

L’État était à nos côtés


Conscient que ce n’était pas simple tant la situation était catastrophique, il tient à souligner que les agents de l’État ont toujours été à leurs côtés. Rappelant que plus de 10 villes ont été touchées, Mustafa constate avec amertume la
"presque disparition de certaines villes ou de quartiers entiers".

Il a de plus constaté que la ville d’où sont originaires ses parents ne compte pratiquement plus d’habitants. Il explique alors que certains se sont éloignés des zones urbaines pour rejoindre les villages, ou sont partis dans d’autres villes.
"Limite, la ville n’existe plus
", se désole-t-il.

Avouant avoir eu
"une expérience très difficile et choquante"
, Mustafa souhaite
"que cela ne se reproduise plus nulle part dans le monde"
car
"cela fait très mal au cœur"
.

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