Cette mesure, qui est entrée en vigueur le 1er juillet 2024, vise à standardiser les prescriptions médicales et à lutter contre la pratique illégale de la médecine, a déclenché une vague de critiques et de contestations au sein de la communauté médicale, notamment du côté des pharmaciens et des médecins eux-mêmes.
Désormais, les prescriptions médicales, pour être honorées en pharmacie, doivent obligatoirement respecter un certain nombre de critères stricts. Elles doivent être établies sur un papier à en-tête portant la dénomination de l’établissement de santé, les noms et prénoms complets du médecin, sa spécialité et son adresse complète. L’apposition d’un cachet nominatif accompagné du numéro d’inscription à l’ONMC est également de rigueur.
Cette mesure, selon ses promoteurs, vise à plusieurs objectifs :
• Lutter contre l’exercice illégal de la médecine : En standardisant les ordonnances, il devient plus facile d’identifier les prescriptions émanant de médecins réellement qualifiés et inscrits à l’ONMC.
• Revaloriser la profession médicale : En redonnant au médecin la pleine responsabilité de la prescription, on renforce son autorité et son expertise dans le domaine de la santé.
• Promouvoir la sécurité des patients : En limitant l’accès aux médicaments sans ordonnance, on réduit les risques d’automédication dangereuse et on garantit une meilleure prise en charge des patients.
Malgré ces objectifs nobles, la mesure a suscité de vives critiques de la part des professionnels de santé, notamment des pharmaciens et des médecins. Les principales critiques portent sur les points suivants :
• Manque de concertation : L’Ordre des médecins a pris cette décision de manière unilatérale, sans consulter les autres acteurs concernés, notamment l’Ordre national des pharmaciens du Cameroun (ONPC). Cette absence de concertation a créé un climat de méfiance et de frustration.
• Impact sur l’accès aux médicaments : La restriction de la vente de certains médicaments sans ordonnance pourrait limiter l’accès aux soins pour les populations défavorisées, notamment en zone rurale où les médecins sont rares.
• Coût supplémentaire pour les médecins : L’obligation d’utiliser un ordonnancier spécifique représente un coût supplémentaire non négligeable pour les médecins, surtout ceux exerçant dans des conditions difficiles.
• Applicabilité incertaine : La mise en œuvre effective de cette mesure est incertaine, compte tenu des nombreux défis logistiques et pratiques qu’elle pose.
En attendant, la question des nouvelles directives pour la rédaction des ordonnances médicales reste en suspens et suscite de nombreuses interrogations. Il est à se demander si cette mesure, malgré ses intentions, parviendra à atteindre ses objectifs sans engendrer de nouveaux problèmes pour le système de santé camerounais.
La mise en place de nouvelles règles pour la rédaction des ordonnances médicales au Cameroun est une initiative louable visant à améliorer la qualité des soins et à protéger la santé des patients. Toutefois, la façon dont cette mesure a été imposée, sans une concertation suffisante, a suscité de vives critiques et des préoccupations légitimes. Il est crucial que les divers acteurs du système de santé se réunissent pour trouver un terrain d'entente qui prenne en compte les préoccupations de chacun et assure une meilleure prise en charge des patients camerounais.