Ces dernières années, la tendance se développe de plus en plus. Dans les universités burkinabés, les étudiants s’adonnent à des petits métiers pour supporter leurs formations. Un défi pas toujours facile à relever.
Dans la cité universitaire de Kossodo au nord-ouest de la ville de Ouagadougou, la capitale burkinabé, Hamadou Compaoré ne passe pas inaperçu. Étudiant en histoire et archéologie, il est connu dans la cité de Kossodo pour les belles tenues qu’il confectionne à ses camarades. Son atelier de couture est bien connu dans la cité universitaire et depuis qu’il y travaille, il lui faut trouver le juste milieu pour continuer sa formation.
Aux heures de cours, Hamadou n’a d’autres choix que de fermer son atelier parce que pour lui, les études passent avant les affaires.
"C’est très compliqué, il faudrait d’abord avoir le temps pour les études et ensuite, on voit si le temps qu’on a pour les études peut nous permettre de faire quelque chose pour subvenir à ses propres besoins,"
confie-t-il.
Hamadou Compaoré indique toujours qu’il s’en sort bien avec cette activité. Il affirme qu’il subvient lui-même à ses besoins et arrive même à aider des proches dans le besoin. Il soutient qu’il ne compte plus du tout sur ses parents pour ses études.
Comme Hamadou, ils sont nombreux ces étudiants qui font des activités génératrices de revenus pour financer leurs formations. Ainsi, toujours dans la cité de Kossodo, plusieurs pensionnaires ont aménagé des périmètres agricoles qu’ils gèrent ensemble.
On peut encore citer le cas de Kader Zongo qui a flairé une autre bonne affaire à l’université Joseph Ki Zerbo de Ouagadougou. Toujours collé à son ordinateur, il propose des services à ses camarades qui ont besoin de faire des actes administratifs par internet.
Lui aussi ne se plaint pas:
"ce qu’il faut dire est que nous arrivons quand même à tirer profit de ce que nous faisons comme activité. Nous ne sommes pas installés dans un lieu précis, vu que ce sont des services que nous rendons en ligne. Cela nous permet de nous organiser en fonction de notre disponibilité, en fonction de notre temps libre afin de pouvoir gérer ces cas-là"
.
Selon Hermann Nazi, un formateur en entreprenariat des jeunes, ces initiatives des étudiants sont le résultat d’une prise de conscience générale dans la jeunesse burkinabé. Pour lui, beaucoup ont compris qu’il faut créer soi-même ses opportunités d’emploi au lieu d’attendre l’Etat.
"Ce qu’il faut saluer, c’est qu’il y a de plus en plus d’étudiants qui se lancent dans l'entrepreneuriat parce que par le passé, c’était plus ceux qui n'avaient vraiment pas fait d’études. Aujourd’hui, on a des étudiants qui sont dans la restauration. Moi-même, je suis habillé par des étudiants en médecine qui sont dans la couture,"
témoigne-t-il.
M. Nazi estime que l’Etat a intérêt à encourager et à accompagner l’élan de cette dynamique des étudiants parce que de ces initiatives, peuvent naître des entreprises créatrices d’emplois. Il souligne que ces petites activités préparent surtout les étudiants qui s’y adonnent à mieux affronter l’après diplôme.
"Pour moi, c’est important que les étudiants fassent de petits métiers. C’est très important parce que ça leur apprend à se débrouiller. Vous voyez, vous pouvez apporter des connaissances livresques, scolaires à des gens mais ça ne fait pas forcément d’eux forcément, des hommes et des femmes qui se battent au quotidien. Donc, apprendre de petits métiers, apprendre la vie réelle, sortir la tête des livres, aller au contact des gens pour leur proposer nos services, et bien, ça forge. Je dirai que ça a autant de valeur que les cours qui sont enseignés dans les amphis,"
commente M. Nazi.
En dehors du cadre universitaire, ils sont nombreux les jeunes burkinabé qui optent pour l’auto-emploi. Selon le 5e Recensement Général de la Population et de l’Habitation dont les résultats ont été publiés en juin 2022, au Burkina, le taux de chômage au sens du Bureau International du Travail est estimé à 7,1%.
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