La bande dessinée est l'œuvre d'un jeune auteur japonais, né en 1989, Ryota Kurumado, assez fan de l'écrivain prix Nobel de littérature pour avoir déjà adapté un autre de ses romans, "La Peste" (quatre tomes en japonais, 2020-2021, et en français, 2021-2022).
Racontant le meurtre commis, juste après la mort de sa mère, par Meursault, jeune employé de bureau algérois d'apparence terne, le roman est contraint par la narration de ce protagoniste avare en sentiments, qui lisse tout ce qui lui arrive.
Dans le paysage éditorial et intellectuel encore moins réjouissant de l'Occupation, le livre aura du succès auprès d'intellectuels qui compteront après guerre: Jean-Paul Sartre, Maurice Blanchot, Roland Barthes.
Le manga est différent, accumulant les gros plans sur les visages, et restituant la violence de l'homicide.
Ces versions nippones de "La Peste" et "L'Étranger" sont passées sous la loupe d'ayants droit attentifs à l'héritage de l'écrivain français, mort en 1960 à l'âge de 46 ans. En l'occurrence sa fille Catherine Camus, assistée de sa petite-fille Élisabeth Maisondieu-Camus.
En plus de Gallimard, la maison qui publie l'œuvre du philosophe et écrivain, les Camus travaillent avec les éditions Michel Lafon depuis un album biographique de 2009, "Albert Camus, solitaire et solidaire".
Le roman avait déjà été adapté en bande dessinée par Jacques Ferrandez, chez Gallimard BD, dans des décors très fidèlement restitués par un auteur spécialiste de l'Algérie. Alors que ceux de Ryota Kurumado, à qui les bords de Méditerranée ne sont pas familiers, sont simplifiés à l'extrême.
Illustration avec le mangaka: il ne commence pas avec le célèbre "Aujourd'hui, maman est morte", mais par une scène du procès, suivie d'un flash-back.
En librairie, les derniers ouvrages qui restent à publier de Camus seront des correspondances. Celle avec l'actrice Maria Casarès, en 2017, avait été un immense succès.