France: les agriculteurs dans la rue, débat sur le Mercosur à l'Assemblée

La rédaction
18:0226/11/2024, mardi
AFP
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Des gendarmes français mobilisés devant des tracteurs, alors que les agriculteurs français participent à un rassemblement organisé par la Coordination Rurale, un syndicat agricole français, pour protester contre l'accord UE-Mercosur, à Strasbourg, dans l'est de la France, le 26 novembre 2024.
Crédit Photo : FREDERICK FLORIN / AFP
Des gendarmes français mobilisés devant des tracteurs, alors que les agriculteurs français participent à un rassemblement organisé par la Coordination Rurale, un syndicat agricole français, pour protester contre l'accord UE-Mercosur, à Strasbourg, dans l'est de la France, le 26 novembre 2024.

"Ras-le-bol!": les agriculteurs français multiplient les actions mardi avant un débat à l'Assemblée nationale à Paris sur le projet de traité de libre-échange entre l'Union européenne (UE) et le Mercosur, rejeté par la profession.

A la mi-journée, une vingtaine d'actions (rassemblements, opérations sur des plateformes logistiques de supermarchés...), mobilisant quelque 660 agriculteurs, étaient recensées par les autorités.


A Strasbourg (nord-est), une cinquantaine de tracteurs d'agriculteurs ont été bloqués par les forces de l'ordre à environ un kilomètre du Parlement européen, où ils souhaitaient se rendre pour exprimer leur opposition à l'accord de libre-échange négocié entre l'UE et des pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay).

Paul Fritsch, président de la Coordination rurale (CR) Grand Est, a exprimé sa déception suite à ce blocage. Il estime que l'attitude des autorités vise à
"pousser les manifestants à la faute"
.

Malgré l'absence de violences, les agriculteurs dénoncent un traitement qu'ils jugent disproportionné alors que certains manifestants ont parcouru près de 300 kilomètres pour se faire entendre.
Des actions symboliques, comme offrir des pommes aux forces de l'ordre, ont été entreprises dans un esprit pacifique.

"On nous interdit des insecticides, des herbicides, des semences OGM, des produits qu'on considère dangereux pour la santé humaine, et tous ces pays d'Amérique du Sud travaillent avec ça, à grands renforts de déforestation. C'est aberrant"
, a déclaré un agriculteur, Cyril Hoffmann.

Dans le même temps, une délégation de la Coordination rurale a rencontré des eurodéputés favorables à leurs revendications, bien qu'aucune audience officielle n'ait été accordée par le Parlement européen.

Plusieurs figures politiques, notamment la députée LFI Manon Aubry ainsi que des députés d'extrême droite comme Marion Maréchal et Nicolas Bay, sont venues à la rencontre des agriculteurs.


L'eurodéputé d'extrême droite Nicolas Bay a estimé que le projet d'accord UE-Mercosur risquait d'être
"le dernier clou dans le cercueil de l'agriculture française"
, en créant une
"concurrence déloyale mortelle"
pour des secteurs déjà fragiles (bovins, sucre...).

De son côté, l'alliance majoritaire FNSEA-Jeunes agriculteurs a lancé partout en France de nouvelles actions jusqu'à jeudi, pour dénoncer
"tout ce qui entrave la vie des agriculteurs",
notamment les administrations (préfectures, agences de l'eau, etc.), a précisé mardi sur la chaîne France 2 le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau.

"Stop les papiers on en a marre"
ou
"Ras-le-bol"
, clamaient des pancartes accrochées à des tracteurs à Lille (nord). A Perpignan (sud), une centaine d'agriculteurs vêtus de noir ont défilé derrière un cercueil. 

Moins d'un an après une mobilisation historique et après un été difficile marqué par de mauvaises récoltes et des maladies animales, les agriculteurs estiment n'avoir pas obtenu suffisamment d'avancées concrètes.


"Concurrence déloyale"


La ministre française de l'Agriculture, Annie Genevard, a promis lundi sur la radio France Inter que les agriculteurs verraient
"très, très vite"
des choses concrètes.

Elle a aussi assuré que la France progressait dans la construction d'une minorité de blocage au traité avec le Mercosur au sein du Conseil de l'UE, dont l'accord sera nécessaire une fois les négociations terminées: après l'Italie, la Pologne a exprimé son rejet vendredi.


L'exécutif français a à plusieurs reprises exprimé sa solidarité avec les agriculteurs.


Le traité UE-Mercosur permettrait l'entrée en Europe de viande, de sucre ou de maïs importés sans droits de douane, risquant
"de provoquer des déséquilibres profonds pour nos producteurs"
, qui seraient confrontés à une
"concurrence déloyale",
ont ainsi estimé les ministres de l'Agriculture et du Commerce extérieur, dans une tribune publiée dans le quotidien Le Figaro.

Dans l'après-midi, les deux ministres devront prendre la parole à l'Assemblée nationale où se tiendra un débat puis un vote sur ce traité - avant un débat similaire au Sénat.


L'exécutif espère un vote unanime qui donnerait du poids à la position française face à la Commission, qui négocie toujours cet accord, mais qui poussée par des pays comme l'Allemagne et l'Espagne ne cache pas son intention de parvenir à une conclusion avant la fin de l'année.


Mais rien n'est gagné. Si le parti d'extrême droite Rassemblement national (RN), qui compte le plus grand nombre d'élus à l'Assemblée (125 sur 577 sièges), a annoncé qu'il soutiendrait la position du gouvernement, le vote à gauche dépendra du débat et de la déclaration gouvernementale.


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