Asie du Sud-Est: un nouveau sommet de l'Asean pour sortir la Birmanie de la crise

11:019/10/2024, mercredi
AFP
Le Premier ministre du Laos, Sonexay Siphandone (C), dirige le 45e sommet de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE) à Vientiane, le 9 octobre 2024.
Crédit Photo : TANG CHHIN SOTHY / AFP
Le Premier ministre du Laos, Sonexay Siphandone (C), dirige le 45e sommet de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE) à Vientiane, le 9 octobre 2024.

Les dirigeants des pays d'Asie du Sud-Est sont réunis mercredi au Laos, en présence d'un représentant birman, pour trois jours de discussions qui tenteront de relancer le processus de paix en Birmanie, au point mort depuis le coup d'État.

L'autre sujet prioritaire au programme du sommet de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean) concerne la situation en mer de Chine méridionale, après plusieurs épisodes récents de tensions entre Pékin d'un côté, et Manille et Hanoï de l'autre.


Les échanges, qui se tiennent jusqu'à vendredi à Vientiane, inclueront les principaux partenaires de l'Asean, invités habituels de la grand-messe annuelle, comme le Premier ministre chinois Li Qiang, le secrétaire d'État américain Antony Blinken ou le nouveau Premier ministre japonais Shigeru Ishiba.

Le Premier ministre laotien Sonexay Siphandone a donné mercredi matin le coup d'envoi du sommet.


Le bloc de dix pays, souvent décrit comme un forum de discussions sans réel pouvoir, où les principes de non-ingérence et de consensus priment sur l'efficacité, essaye en vain de négocier une sortie de crise en Birmanie, État membre plongé dans le chaos depuis le coup d'État du 1er février 2021.

Le conflit, qui a tué plus de 5.300 civils et provoqué le déplacement de plus de 3,3 millions de personnes selon l'ONU, représente l'un des plus grands défis que l'association ait eu à affronter depuis sa création en 1967.


La junte en difficulté


L'Asean a bien établi une feuille de route vers la paix quelques semaines après le putsch, mais le texte est resté lettre morte auprès de la junte, aux prises dans des combats toujours plus violents avec des rébellions issues de l'opposition politique et de minorités ethniques.

Le sommet laotien pourrait marquer un tournant : pour la première fois en trois ans, Naypyidaw a envoyé un
"représentant non-politique"
, seule présence tolérée par le bloc qui a banni les généraux au pouvoir.

Le secrétaire permanent du ministère des Affaires étrangères birman, Aung Kyaw Moe, a ainsi assisté mardi à une réunion des ministres des Affaires étrangères. Il figurait aussi mercredi sur la traditionnelle photo de famille aux côtés des dirigeants.

Sa présence intervient dans un contexte difficile sur le terrain pour le pouvoir militaire, qui a reculé ces derniers mois dans plusieurs régions frontalières. La junte a appelé fin septembre à un cessez-le-feu et à des pourparlers de paix, mais sa proposition a pour le moment été rejetée par ses adversaires.


Des responsables de l'Asean interprètent la présence d'un représentant de la junte comme un signal que Naypyidaw serait prêt à s'engager dans une voie diplomatique.

"Aucun progrès" sur la Birmanie


Mais Daniel Kritenbrink, sous-secrétaire d'État américain en charge de l'Asie de l'Est, a partagé ses doutes.


Le responsable a assuré qu'Antony Blinken ferait pression sur la junte en vue de réduire les violences, libérer des prisonniers politiques et nouer un dialogue avec l'opposition. Il a fait remarquer:


Malheureusement, nous n'avons vu virtuellement aucun progrès sur aucune de ces priorités.

La crise birmane, qui se décline sur des volets humanitaire, politique et économique, a mis en lumière des divisions au sein du bloc, où l'Indonésie, la Malaisie et les Philippines apparaissent comme les partisans d'une ligne plus dure vis-à-vis des généraux.


"C'est la crise birmane qui va définir le futur de l'Asean, sur sa capacité à naviguer un paysage géopolitique en mutation
", estime Mustafa Izzuddin, analyste basé à Singapour.

L'Asean devrait se
"coordonner"
avec la Chine et les États-Unis, a suggéré un porte-parole de l'Union nationale Karen (KNU) qui combat la junte depuis des décennies dans l'Est de la Birmanie.

Le président philippin Ferdinand Marcos devrait de son côté encourager les discussions sur la mer de Chine méridionale, où de nombreux accrochages ont eu lieu ces derniers mois entre navires chinois et philippins.

Début octobre, le Vietnam a condamné le
"comportement brutal"
de la Chine, après l'agression de pêcheurs vietnamiens.

La Chine revendique la quasi-totalité de cette mer. Le Vietnam, les Philippines, la Malaisie et Brunei ont en outre chacun des intérêts qui se chevauchent dans certaines parties.

Au cœur des différends se trouve la question de l'appartenance des centaines d'îlots, atolls et récifs, à l'origine inhabités, qui parsèment cette mer à forts enjeux commerciaux et stratégiques.


La crise au Moyen-Orient et la guerre en Ukraine devraient aussi occuper les débats.


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