La foule parée de rouge a rugi au moment où Paetongtarn Shinawatra (36 ans) a fait son apparition sur la scène posée sur la pelouse d'un stade de foot de la banlieue de Bangkok.
Elle était accompagnée des deux autres candidats du mouvement, Srettha Thavisin, un magnat de l'immobilier fraîchement reconverti dans la politique, et Chaikasem Nitisiri, un cadre de longue date.
En tête des sondages, Paetongtarn, surnommée "Ung Ing", ne laisse que peu de lumière aux autres : l'évocation du nom de famille déchaîne les passions dans le royaume depuis plus de vingt ans.
La richissime famille Shinawatra reste une référence politique clivante, vénérée dans les régions rurales du Nord, mais honnie par les élites militaro-royalistes de Bangkok.
Son père Thaksin, à la tête d'un empire dans les télécoms avec une fortune estimée à deux milliards de dollars, selon Forbes, a été Premier ministre de 2001 à 2006, avant d'être renversé par l'armée.
Sa tante Yingluck a dirigé le pays de 2011 à 2014, jusqu'au putsch mené par Prayut Chan-O-Cha, l'actuel Premier ministre qui se présente pour un second mandat consécutif.
Bien que la campagne gagne en intensité, les apparitions en public de Paetongtarn pourraient se raréfier, car elle doit accueillir son deuxième enfant en mai.
Pheu Thai fait campagne en promettant un quasi doublement du salaire minimum, à 600 bahts (16 euros) par jour, une mesure choc dans un royaume à la croissance atone depuis la pandémie.
Mais Paetongtarn, dont c'est la première élection, n'incarne pas une rupture idéologique, explique Puangthong Pawakapan, analyste politique à l'université Chulalongkorn de Bangkok.
Pheu Thai vise 310 sièges sur les 500 de l'Assemblée nationale pour contourner le vote des 250 sénateurs nommés par l'armée.
Ceux-ci pourraient faire barrage à Paetongtarn même en cas de raz-de-marée électoral, ce qui pourrait favoriser la figure plus consensuelle de Srettha Thavisin, juge Puangthong Pawakapan.