Si les tendances se poursuivent, M. Bio serait réélu pour un second mandat puisqu'un candidat est élu dès le premier tour s'il recueille plus de 55% des suffrages.
Avec 1.067.666 voix, M. Bio devance son principal adversaire Samura Kamara, qui a reçu 793.751 voix, soit 41,53% des suffrages, selon les chiffres donnés par Mohamed Kenewui Konneh, le président de la commission électorale.
Ces premiers résultats officiels sont contestés par l'opposition qui dénonce dans un communiqué le manque d'inclusivité, de transparence et de responsabilité de la commission électorale. Elle soulève aussi l'absence d'informations sur l'origine des scores annoncés.
Dans une conférence de presse lundi soir, les observateurs de l'Union européenne ont estimé que le manque de transparence et de communication de l'autorité électorale avaient engendré de la méfiance dans le processus électoral.
Ils ont souligné des incidents violents signalés dans six départements et dit avoir été témoins directement de violences dans sept bureaux pendant le vote et trois pendant la clôture et le dépouillement.
Ils ont enfin dénoncé les tirs à balle réelle des forces de sécurité qui ont fait un mort dimanche soir au siège de l'opposition à Freetown.
Quelque 3,4 millions de personnes étaient appelées samedi à choisir entre 13 candidats pour la présidentielle, un scrutin aux allures de revanche de 2018 entre M. Bio, ancien militaire à la retraite de 59 ans qui brigue un second mandat, et M. Kamura, technocrate de 72 ans.
En 2018, M. Bio, candidat du Parti du peuple de la Sierra Leone (SLPP), l'avait emporté au second tour avec 51,8% des voix.
M. Bio s'est fait le champion de l'éducation et des droits des femmes. Il a dit vouloir privilégier l'agriculture et réduire la dépendance de son pays aux importations alimentaires.
Dans une adresse à la nation après les premiers résultats, le président sortant a appelé les Sierra-Léonais à rester calme et à respecter la loi.
M. Kamara, ministre des Finances puis des Affaires étrangères avant l'avènement de M. Bio en 2018, a indiqué vouloir restaurer la confiance dans les institutions économiques nationales et attirer les investisseurs étrangers.
Les forces de sécurité ont violemment dispersé dimanche soir des opposants à Freetown, au siège du parti APC, alors que l'élection s'était déroulée globalement dans le calme. Un calme précaire était revenu lundi.
Abu Bakarr Kargbo, 42 ans, membre d'un parti d'opposition basé au Royaume-Uni, a rapporté lundi à l'AFP que la veille, présent au siège du parti à Freetown, il parlait tranquillement lorsque la police a fait usage de gaz lacrymogènes.
Des journalistes ont vu du sang à l'intérieur du siège de l'APC lundi matin et des impacts de balles.
Hannah, une secrétaire du parti qui n'a pas souhaité donner son nom de famille, est revenue tôt lundi matin pour récupérer son sac et ses effets personnels qu'elle avait laissés la nuit précédente dans la précipitation.