La fin de l'année 2023 est considérablement marquée par un "génocide" en cours à Gaza. Depuis le 7 octobre, à la suite d'une attaque du Hamas sur les colonies israéliennes en représailles aux multiples attaques israéliennes sur le peuple Palestinien et sur la Mosquée d'al-Aqsa, Israël pilonne au quotidien la bande de Gaza, avec un bilan à présent dépassant plus de 20 000 morts palestiniens dont 70% sont des civils femmes et enfants.
Dans plusieurs pays occidentaux, des journalistes, universitaires, activistes sont jetés au pilori ou sanctionné pour avoir appelé à un cessez-le-feu ou critiqué les bombardements israéliens sur les civils Palestiniens. Le conflit israélo-palestinien, dans sa version de 2023, a mis à nu l'égoïsme des Etats et des puissances, et creusé davantage une distanciation civilisationnelle entre l'Est et l'Ouest.
Cette opération éclair de septembre 2023 consolide surtout la victoire azerbaïdjanaise sur les troupes arméniennes en 2020, qui avait été parachevée d'un cessez-le-feu sous l'égide de la Russie. Le processus de paix entamé entre les deux pays met fin à un conflit qui n'a cessé d'être instrumentalisé par certaines puissances et la pacification entre les deux pays, symbolisée par le soutien de l'Arménie à l'Azerbaïdjan pour l'organisation de la prochaine COP29, participe davantage à stabiliser le Caucase.
Le 26 juillet 2023, le Président nigérien Mohamed Bazoum, a été renversé par un putsch militaire de la garde nationale, sous le commandement du Général Abourahamane Tchiani. Un énième coup d'Etat d'une longue série dans la région. Mais derrière ce nouveau coup de force, les Etats du Sahel impactés par les violences de groupes terroristes armés depuis dix ans, sont en train d'impulser une révolution souverainiste.
Le Niger s'est en effet rapidement mis au rythme de Burkina Faso et du Mali, eux aussi dirigés désormais par les militaires, pour revoir sa politique étrangère, notamment vis à vis de la France. Ces trois pays revendiquent désormais une politique plus souverainiste et plus africaine face aux défis sécuritaires mais aussi économiques. Comme Bamako et Ouagadougou, Niamey a aussi rapidement jeté les bases d'une rupture avec la France, demandant le départ de l'ambassadeur français d'abord, avant d'ordonner aussi le retrait des troupes françaises.
Le départ exigé de la MINUSMA au Mali et des troupes françaises au Niger et au Burkina, la venue des troupes russes sous Wagner ont littéralement changé la géopolitique de l'Afrique de l'Ouest où désormais, l'influence de l'Occident est challengée, voire minorisée et doit faire face plus que jamais à une ascendance géostratégique de Moscou dans la région.
Le 24 août, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a annoncé, lors du sommet des BRICS, que l’Arabie saoudite, l’IRAN, l’Egypte, les Emirats arabes unies, l’Argentine et l’Ethiopie rejoindront officiellement le “bloc”, à partir du 1er janvier 2024. Ce renforcement des BRICS constitue un événement majeur en 2023, susceptible de redistribuer les cartes de la géopolitique mondiale dans les années à venir.
En outre, les BRICS aspirent notamment au renforcement de la coopération économique et commerciale entre les pays membres, mais aussi et surtout, à construire un système mondial alternatif à celui des Etats-Unis et des institutions de Bretton Woods. La dédollarisation de l'économie mondiale est l'une des ambitions majeures de ce groupe de pays formé officiellement en 2011.
Les sanctions qui ont été implémentées contre la Russie par les Occidentaux ont montré aux puissances émergentes la nécessité de se départir d'un système-monde qui serait un instrument de diffusion de la puissance des Etats-Unis et des intérêts de l'Occident. Non seulement les BRICS construisent un système économique alternatif, mais l'incapacité des leaders occidentaux à résoudre les conflits mondiaux ainsi que leur perte de crédibilité à Gaza, pourrait donner une perspective plus politique aux BRICS.
2023 restera marquée par de profondes mutations géopolitiques et dans la gouvernance du monde, qui peuvent définir la trajectoire politique de la décennie à venir.