Les dates clés pour comprendre le conflit israélo-palestinien

La rédaction
19:2220/10/2023, vendredi
MAJ: 21/10/2023, samedi
Yeni Şafak
Le Premier ministre israélien Ehud Barak (à gauche), le président américain Bill Clinton (à droite) et le dirigeant palestinien Yasser Arafat, lors du sommet sur la paix au Moyen-Orient le 11 juillet 2000 à Camp David, Maryland. Crédit Photo: STEPHEN JAFFE / AFP FILES / AFP
Le Premier ministre israélien Ehud Barak (à gauche), le président américain Bill Clinton (à droite) et le dirigeant palestinien Yasser Arafat, lors du sommet sur la paix au Moyen-Orient le 11 juillet 2000 à Camp David, Maryland. Crédit Photo: STEPHEN JAFFE / AFP FILES / AFP

Le conflit israélo-palestinien s’est enlisé à nouveau depuis le 07 octobre, après le lancement par le Hamas, de l’opération “Déluge d’Al Aqsa”, en représailles aux attaques israéliennes sur le peuple palestinien et sur la Mosquée d’Al Aqsa. Israël a lancé depuis lors des bombardements de grande envergure, une nouvelle étape d’un conflit qui n’a cessé de s'intensifier depuis 1947. Voici cinq dates pour comprendre la complexité du conflit israélo-palestinien.

Avant 1947: le sionisme et le Royaume-Uni


“Le sionisme s’efforce d’obtenir pour le peuple juif en Palestine un foyer reconnu publiquement et garanti juridiquement”
(relayé par Geo.fr). Cette déclaration émane du Premier Congrès mondial sioniste de 1897, exprimant le désir de reconquérir la Terre promise aux descendants de Moïse, qui, pour eux est: la Palestine.

Le mouvement compte alors sur la Grande-Bretagne pour lui faciliter la création d’un Etat juif en Palestine. En 1917, le ministre des Affaires étrangères britannique, Lord Arthur James Balfour, déclare que le gouvernement de Sa Majesté
"envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un Foyer national pour le peuple juif et emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte aux droits civils et religieux des collectivités non-juives existant en Palestine, ou aux droits et statut politiques dont les Juifs jouissent dans tout autre pays"
.

Cette position anglaise découle en réalité en grande partie des conséquences des accords de Sykes-Picot, signés en 1916 entre la France et le Royaume-Uni, en vue du partage des territoires de l’Empire ottoman.
L’accord consacre deux périmètres, français au nord et anglais au sud: le plan prévoit une
“zone de contrôle direct”
(Liban, côte syrienne et une partie de la Türkiye pour la France, région de Bagdad et Bassora pour la Grande-Bretagne) et une
“zone d’influence”
, c’est-à-dire un Etat arabe sous tutelle.

Cependant, les deux pays ne s’entendent pas sur la Palestine. Si l’idée d’un Etat juif était déjà mûrie entres les anglais et les sionistes, le désaccord entre Français et Anglais sur la Palestine a accéléré le processus, quant aux intérêts anglais dans la région. En effet, du côté de Londres, l’accord Sykes-Picot signé en janvier et devenu officiel en mai 1916, a été rapidement attaqué. Les britanniques voulant que la Palestine reste dans leur giron. La stratégie a été dès lors d’y créer un Etat juif qui serait loyal à la Grande Bretagne. Mais cela se fait en dehors de la prise en compte des intérêts des Arabes de la région, qui s’étaient entendus pourtant avec la Grande Bretagne sur leur indépendance en échange de leur participation à la Grande Guerre contre l’Empire ottoman. La déclaration de Lord Arthur James Balfour officialise ce projet. L’écrivain britannique Arthur Koestler résume parfaitement la situation :
"Une nation a solennellement promis à une seconde le territoire d’une troisième"
(repris pas Geo.fr). En 1920, la Société des Nations, l’ancêtre de l’ONU, confie au Royaume-Uni un mandat sur la Palestine. Là, prennent source les décennies d’un conflit.

Le Monde (media français) souligne ainsi:
“Londres devient 'gestionnaire' du territoire avec pour objectif de ‘placer le pays dans des conditions politiques, administratives et économiques qui permettront l’établissement d’un foyer national juif et le développement d’institutions d’autogouvernement’”
.

1947 - 1967: la proclamation de l’Etat Hébreu


Entre 1917 et 1948, la population juive de Palestine passe de 10% à 30%. Les Juifs établissent une armée, des Universités, un système de santé et toutes les “commodités” dignes d’un système d’Etat. Les premiers conflits sont alors notés après le soulèvement des nationalistes Arabes. L’ONU s’empare alors du dossier de la Palestine en 1947 et établit un plan de partage du territoire en trois entités :
Un Etat juif occupant 56% de la superficie (alors que les Juifs ne représentent à l’époque que 32% de la population et ne détiennent que 7% des terres), 44% pour un Etat Arabe et Jérusalem est mis sous contrôle international.
Si une forte majorité des dirigeants du Yichouv – les représentants de la communauté juive de Palestine – accepte le deal, c’est loin d’être le cas des Arabes de Palestine et de la région.

Les conflits éclatent mais soutenus par les Etats-Unis et l’URSS, les Juifs s’emparent facilement des villes arabes. Le 14 mai 1948 prend fin officiellement le mandat britannique sur la Palestine. Dans la foulée, David Ben Gourion, président du Conseil national juif, proclame l’indépendance de l’État d’Israël sans en préciser les frontières et se fonde sur le principe de la
"loi du Retour"
, stipulant que tout juif du monde a le droit de s’installer sur le territoire Palestinien.

Au lendemain de cette déclaration, éclate la première guerre israélo-palestinienne. Les pays arabes envahissent le territoire alors que les expulsions d’Arabes palestiniens s’intensifient. Les armées essentiellement égyptienne, jordanienne, syrienne, libanaise et irakienne se heurteront néanmoins à la furie israélienne. Cette guerre se solde par la conquête d’un vaste territoire par Israël, plus étendu que ce qui avait été prévu par l’ONU.
Plus de 700 000 Arabes palestiniens sont alors contraints à l’exil: c’est la “Naqba” (“la catastrophe”). Le conflit débouche sur une ligne de démarcation entre la Palestine et Israël jusqu’en 1967 date à laquelle le conflit s’envenime de plus belle.

1967 - 1973 : la guerre des Six Jours et la guerre du Kippour


Depuis le Naqba, les relations entre les pays Arabes et Israël n’ont jamais été tout à fait paisibles. En 1964, la Ligue Arabe crée l’Organisation pour la Libération de la Palestine (OLP). Un 1967, un conflit éclate : Israël attaque l’Egypte en raison d’un blocus de ses navires en mer Rouge, dans le Golfe d’Aqaba, considérant cela comme un
“acte de guerre en violation du droit international”
. Les israéliens veulent surtout briser l’alliance formée par l’Egypte, la Syrie, l’Irak et la Jordanie.

La guerre qui dure Six Jours, d’où son appellation, consacre la victoire d’Israël sur les pays Arabes. L’Etat Hébreu s’empare du Sinai égyptien, du Golan syrien et occupe la Cisjordanie jordanienne. Une guerre qui fait encore plus de 500 000 exilés Palestiniens selon l’ONU. Malgré la résolution 242 de l’Organisation qui demande le
“retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés au cours du récent conflit”
, c’est le début de la colonisation israélienne sur la Cisjordanie.

L’Egypte et la Syrie ne digèrent surtout pas cet épisode et reviennent en force 1973: le 06 octobre, alors que la communauté Juive célèbre le jour de Kippour, les Pays Arabes, sous la houlette de l’Egypte et de la Syrie, attaquent encore Israël.
L’Egypte remporte des batailles militaires intéressantes qui le mettent en position de force pour négocier avec Tel-Aviv. De l’autre côté, la Syrie est percée et les forces israéliennes s’arrêtent à 40km de Damas. Ce conflit débouche surtout sur le premier choc pétrolier puisque les pays Arabes de l’OPEP mettent un embargo sur le pétrole contre les pays occidentaux soutenant Israël.

Cette troisième guerre crée davantage un climat belliqueux entre les belligérants mais facilite des pourparlers entre l’Egypte et Israël.
Une médiation du Président américain Jimmy Carter aboutit à la signature d’un accord de paix à Camp David en 1979.
Israël accepte de rendre le Sinaï à l’Egypte en échange d’une reconnaissance mutuelle et des relations diplomatiques apaisées.
Mais la partie de l’accord concernant Gaza et la Cisjordanie n’est pas vraiment respectée et la résistance Palestinienne va renaître sur le territoire palestinien.

1988 - 1993: Première “Intifada” et Accords d’Oslo


Si les épisodes précédents du conflit israélo-palestinien ont davantage opposé Israël aux pays Arabes voisins, a partir des années 1980, c’est un tout autre mouvement de résistance auquel l’Etat hébraïque colonisateur doit faire face.
Alors qu’Israël continue d’occuper les terres de la Cisjordanie et de Gaza, mettant surtout les Palestiniens dans des conditions de vie déplorables, se déclenche en 1987 la première “Intifada” (soulèvement).

Ce soulèvement populaire oppose les jeunes Palestiniens lanceurs de pierres à la puissante armée israélienne “Tsahal”. Ces oppositions font plus de 1000 morts côté palestinien, environ 300 côté israélien.
Dans la foulée, le 15 novembre 1988, le Conseil national palestinien d’Alger proclame l’État indépendant de Palestine, avec comme territoires: Gaza et la Cisjordanie qui avaient été précédemment reconnus comme territoires “occupés” par l’ONU.
Mais dans cette période, se crée aussi le Hamas, un mouvement de résistance islamique palestinien dont l’objectif est l’indépendance totale de la Palestine. Le Hamas prend surtout la ligne d’une résistance armée pour l’autodétermination, principe reconnu par l’ONU. L’intifada durera six années.

En 1993, une lumière semble s’ouvrir néanmoins dans ce conflit israélo-palestinien. Après des mois de réunions en secret, sous la houlette des Etats-Unis et de la Norvège, Israël et la Palestine s’entendent sur leur reconnaissance mutuelle et sur
“leurs droits politiques mutuels et légitimes”
. Yasser Arafat, leader charismatique du Fatah devenant aussi le Président de l’Autorité Palestinienne, et le Premier Ministre israélien Yitzhak Rabin, créent alors les lueurs d'espoir d’une résolution du conflit. Un accord qui consacre les bases d’une Palestine vers l’autogouvernement.
Mais les accords d’Oslo, considérés comme désormais incontournables pour la résolution du conflit, ne vont pas vraiment être appliqués : le 4 novembre 1995, Yitzhak Rabin est assassiné par un militant de l’extrême droite israélienne. Ils n’iront pas loin.

Des années 2000 à nos jours


Depuis l’échec de ces accords, le conflit a connu des crises multiples, avec notamment, la deuxième intifada au début des années 2000 et l’installation du blocus sur Gaza par Israël. Le Hamas est surtout monté en puissance en termes de légitimité avec sa victoire lors des élections législatives de 2006. Mais considéré par Israël comme un groupe “terroriste”, les deux camps vont souvent entrer en conflit armé. Le Hamas ne cesse de lancer des roquettes sur le territoire israélien en représailles à la colonisation israélienne. En 2008, Israël lance l’opération
“Plomb durci”
, une des plus meurtrières depuis le début du conflit. Après 22 jours de conflit, plus de 1400 Palestiniens ont été tués sous les bombardements de Tsahal, pour 13 morts côté israélien. Amnesty international parle alors de
“Crimes de guerre”
dans un rapport publié en 2009. Aujourd'hui, nous en sommes à plus de 4000 morts palestiniens sous les bombardements israéliens depuis le 07 octobre 2023...

Par
Alioune Aboutalib LÔ

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