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Le Premier ministre de France, Michel Barnier.
Le Premier ministre français Michel Barnier reçoit lundi la cheffe de file du Rassemblement national, Marine Le Pen, à un moment où cette formation d'extrême droite menace à son tour de censurer son gouvernement minoritaire.
Formé le 21 septembre à l'issue de plusieurs semaines de crise politique suivant la dissolution inattendue de l'Assemblée nationale par le président Emmanuel Macron, en juin, l'exécutif sait être bâti sur du sable.
A l'Assemblée, trois camps (la gauche, le centre et la droite, et l'extrême droite), dont aucun ne dispose d'une majorité, ferraillent quotidiennement l'un contre l'autre.
Alors que la France est lourdement endettée et que le gouvernement veut faire voter un budget 2025 consacrant de nombreuses économies, la gauche et l'extrême droite, qui s'y opposent, pourraient ensemble le faire tomber.
"Jusqu'à présent, on avait une opposition de style entre la gauche et le RN"
, observe le chercheur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), Olivier Costa.
"La gauche souhaitait censurer le gouvernement Barnier dès que possible, l'estimant illégitime, alors que l'extrême droite souhaitait le laisser œuvrer pour s'afficher en parti responsable".
Et de remarquer:
Pour la première fois depuis que Barnier est en poste, il y a un risque réel d'avoir une motion de censure contre lui.
"Oui, il y a un chemin qui s'est fait dans mon esprit"
, a-t-elle récemment lancé, prévenant que
"ceux qui sont confiants ne devraient pas l'être tant que ça"
. Le RN n'hésitera pas à censurer le gouvernement si
"le pouvoir d'achat des Français est amputé"
dans le projet de budget, a-t-elle encore averti.
"Michel Barnier crée les conditions d'une censure",
a également estimé Jordan Bardella, le président du RN, rejoint par son vice-président Sébastien Chenu sur la chaîne LCI.
Un raidissement attribué par nombre d'analystes aux ennuis judiciaires de Marine Le Pen, qui à l'instar de son parti est mise en cause dans l'affaire de soupçons de détournements de fonds publics européens, pour un préjudice total de 4,5 millions d'euros.
Les réquisitions ont été lourdes à l'encontre de Mme Le Pen: cinq ans d'emprisonnement, dont deux ferme, 300.000 euros d'amende et cinq ans d'inéligibilité avec exécution immédiate, ce qui signifie qu'elle deviendrait inéligible dès le prononcé du verdict, même en cas d'appel.
"C'est ma mort politique qui est réclamée"
, considère la candidate trois fois malheureuse à la présidentielle française, qu'une condamnation empêcherait de concourir à celle de 2027.
Alors que le parti d'extrême droite refuse officiellement de lier une éventuelle censure à ses ennuis judiciaires, le chercheur Olivier Costa voit dans les déclarations à répétition de ses cadres une
médiatique.
"Si le gouvernement Barnier tombe, plus personne ne se souciera du procès des assistants parlementaires du RN, alors qu'ils sont actuellement sous le feu de la rampe",
estime-t-il.
Le vote de la motion de censure pourrait intervenir dans la deuxième quinzaine de décembre, si le gouvernement a recours à l'article 49.3 de la Constitution - qui lui permet de faire passer un texte sans vote faute de majorité à l'Assemblée - pour forcer l'adoption de son budget 2025 décrié.
"Est-ce que le RN passera réellement à l'acte ? Je ne sais pas"
, s'interroge toutefois le politologue Pascal Perrineau, professeur à Sciences Po Paris, interrogé par l'AFP. Car il y aura selon lui
pour ceux qui feront tomber l'exécutif.
"Celui ou celle qui renversera le gouvernement privera le pays d'un budget et le précipitera dans le désordre et la chienlit"
, parce qu'
"il n'existe aucune majorité alternative au socle qui soutient le gouvernement"
, a aussi alerté le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot.
La porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a de son côté évoqué dans le quotidien Le Parisien le risque d'
"un scénario à la grecque"
pour la France, la censure du budget pouvant selon elle plonger le pays dans une crise financière.
Pour s'éviter de chuter, Michel Barnier reçoit un par un les présidents de groupes parlementaires. Il commence lundi par Marine Le Pen, cheffe des députés RN, ce parti comptant le plus grand nombre d'élus à l'Assemblée (125 sur 577 sièges).
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