Crédit Photo : Aamir QURESHI / AFP
Le bâtiment de la Cour suprême du Pakistan à Islamabad, le 12 janvier 2024.
Le président pakistanais, Arif Alvi, a accepté vendredi la démission d'un deuxième juge de la Cour suprême en deux jours, à quelques semaines des élections législatives du 8 février.
Le juge Ijaz Ul Ahsan, qui devait par séniorité devenir dans quelques mois le prochain président de la Cour suprême, a présenté sa démission, qui a été acceptée, a-t-on appris auprès de la présidence. Un autre juge, Muhammad Mazahar Ali Akbar Naqvi, avait démissionné jeudi.
Les deux juges ont rendu ces dernières années plusieurs jugements considérés comme défavorables à l'ancien Premier ministre Nawaz Sharif, favori du prochain scrutin, auquel ne devrait pas pouvoir prendre part son grand rival Imran Khan, actuellement incarcéré.
Le juge Ahsan faisait notamment partie des membres de la Cour suprême qui en 2018 avaient banni à vie M. Sharif de tout mandat politique, après l'avoir destitué un an plus tôt de son poste de Premier ministre pour une affaire de corruption.
M. Sharif avait nié toute malversation, dénonçant un complot de l'armée visant à favoriser la victoire électorale d'Imran Khan, qui était devenu Premier ministre en 2018.
Les juges Ahsan et Naqvi n'ont pas motivé leur décision, qui a suscité des réactions contrastées dans le monde judiciaire.
"C'est de mauvais augure pour le système judiciaire pakistanais. Ce sont des juges très compétents, mais ils ont été contraints à se retirer pour des raisons politiques"
, a déclaré à l'AFP Anwar Mansoor Khan, un ancien plus haut conseiller juridique du gouvernement.
"Il y a une purge des juges à la Cour suprême"
, a accusé l'avocat Faisal Sidiqqi.
L'objectif ultime est réduire au silence la voix de la justice.
Mais un autre avocat, Moiz Jaferii, a considéré que le juge Ahsan avait pris par le passé
"plusieurs décisions problématiques sur les ordres de l'establishment"
.
Imran Khan a été chassé du pouvoir par une motion de censure en avril 2022, après avoir perdu le soutien de la toute puissante armée, selon les analystes.
Même s'il reste l'homme politique le plus populaire du pays, il est incarcéré depuis août, doit faire face à une multitude d'accusations et a été déclaré inéligible pour cinq ans.
M. Khan estime que les poursuites à son encontre sont motivées par des considérations politiques visant à l'empêcher de se représenter et accuse à son tour l'armée d'être à l'origine de ses ennuis judiciaires.
M. Sharif est rentré au Pakistan en octobre après quatre ans d'exil à Londres. Certains analystes politiques estiment qu'il a passé pour revenir un accord avec les chefs de l'armée, et qu'il pourrait bien ramener son parti, la Ligue musulmane du Pakistan (PML-N), au pouvoir.
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