Soudan: "Le conflit a entraîné l'effondrement du système de santé", déplore le ministre de la Santé du pays

11:2824/12/2024, mardi
MAJ: 24/12/2024, mardi
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Un médecin soudanais effectue un contrôle médical sur un patient dans un hôpital de Tokar, dans l'État de la mer Rouge, à la suite de fortes inondations dans l'est du Soudan, le 10 octobre 2024.
Crédit Photo : AFP /
Un médecin soudanais effectue un contrôle médical sur un patient dans un hôpital de Tokar, dans l'État de la mer Rouge, à la suite de fortes inondations dans l'est du Soudan, le 10 octobre 2024.

Heysem Mohammed Ibrahim, le ministre soudanais de la Santé, a expliqué que le conflit entre l'armée et les Forces de soutien rapide (FSR), qui dure depuis environ 20 mois, a provoqué l'effondrement du système de santé au Soudan.

Au Soudan, pays d'Afrique de l'Est, la guerre entre l'armée et les FSR se poursuit dans de nombreux États, laissant la population confrontée à d'énormes difficultés.


Ce conflit a causé d'importantes destructions dans des domaines tels que les infrastructures, l'économie, l'éducation et la santé, et a provoqué la plus grande crise de déplacement au monde.


Depuis le 15 avril 2023, toutes les tentatives visant à mettre fin au conflit entre l'armée soudanaise et les FSR, autrefois alliées, en raison de désaccords sur des questions telles que la réforme militaire et l'intégration, ont échoué.


Selon l'Organisation des Nations unies (ONU), plus de 20 000 personnes ont perdu la vie à cause du conflit, le nombre de personnes ayant quitté le pays a dépassé les 3 millions, et près de 9 millions d'autres ont été déplacées à l'intérieur du pays. Plus de 25 millions de personnes ont besoin d'une aide humanitaire.

Le ministre soudanais de la Santé, Heysem Mohammed Ibrahim, a abordé l'impact de la guerre sur le système de santé du pays.


La crise que connaît actuellement le Soudan est sans précédent dans aucun autre pays.

Heysem Mohammed Ibrahim a souligné que la crise actuelle au Soudan était sans égal sur les plans humanitaire et sanitaire, notant que les "milices" des FSR avaient violé les normes internationales, les lois et la morale, en ciblant les citoyens, les maisons, les centres de services, les réseaux d'eau, d'électricité et d'énergie, les récoltes, les hôpitaux et les fournitures de médicaments.


Rappelant que la guerre a commencé dans la capitale Khartoum, le ministre soudanais a souligné qu'une énorme crise de déplacement s'était produite et que certaines personnes avaient dû migrer plusieurs fois d'affilée.


Les hôpitaux utilisés comme casernes militaires


Heysem Mohammed Ibrahim a précisé que le système de santé avait été directement ou indirectement affecté par la guerre. Il a témoigné des attaques contre les hôpitaux, transformés en casernes militaires dès les premières heures du conflit.


"J'étais à l'hôpital de Khartoum le quatrième jour de la guerre, alors que cet hôpital et les hôpitaux environnants étaient occupés par les FSR. Après cela, de nombreux autres hôpitaux ont été mis hors service. Ces hôpitaux hors service ne sont pas des hôpitaux ordinaires. Ce sont des établissements spécialisés en cardiologie, transplantation d'organes, neurologie, chirurgie spécialisée et oncologie",
a-t-il expliqué.

Il a également rapporté qu'environ 600 millions de dollars de médicaments et de fournitures médicales avaient été pillés, détruits ou perdus, entraînant une grave pénurie de médicaments.

Le ministre a également indiqué que plus de 200 ambulances et véhicules médicaux avaient été pillés, tandis que les pertes dans le domaine de la santé atteignent environ 11 milliards de dollars.



Relance et défis du système de santé


"Nous sommes revenus du bord de l'effondrement et la situation s'est relativement stabilisée",
a affirmé Heysem Mohammed Ibrahim, précisant que de nombreux hôpitaux avaient rouvert et reprenaient des services spécialisés.

Cependant, des défis majeurs persistent, notamment l'accès aux zones contrôlées par les FSR et le manque de financements suffisants pour répondre aux besoins sanitaires et humanitaires estimés à 4,7 milliards de dollars.


Violences sexuelles et impact humain


Le ministre a dénoncé les agressions sexuelles commises pendant le conflit, qualifiant le viol de "l'un des événements les plus regrettables que le Soudan ait connus depuis son indépendance". Plus de 250 cas de viols ont été recensés, bien que ce chiffre soit probablement sous-estimé.


Relations stratégiques avec la Türkiye


Heysem Mohammed Ibrahim a insisté sur l'importance des relations entre le Soudan et la Türkiye dans le domaine de la santé. Il a salué les initiatives turques telles que l'hôpital de Nyala et l'hôpital de Khartoum, ainsi que le soutien médical apporté pendant le conflit.


Selon le ministre, les établissements de santé ont recensé plus de 40 000 blessés et environ 6 000 décès liés à la guerre.


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