Le Nigeria replonge dans les heures les plus sombres de Boko Haram après une série d'attentats-suicides

13:571/07/2024, Pazartesi
MAJ: 1/07/2024, Pazartesi
AFP
Des véhicules de prison brûlés sont visibles à Abuja, au Nigeria, le 6 juillet 2022, après l'attaque de la prison moyenne de Kuje par des hommes armés soupçonnés d'appartenir à Boko Haram.
Crédit Photo : KOLA SULAIMON / AFP (Archive)
Des véhicules de prison brûlés sont visibles à Abuja, au Nigeria, le 6 juillet 2022, après l'attaque de la prison moyenne de Kuje par des hommes armés soupçonnés d'appartenir à Boko Haram.

Abubakar Buba était présent à un mariage samedi après-midi dans la ville de Gwoza, située dans le nord-est du Nigeria près de la frontière camerounaise, lorsque "une femme tenant deux enfants par la main est entrée". Peu après, une explosion a retenti.

Blessé lors de cet attentat-suicide, il a été transporté à l'hôpital de Maiduguri, la capitale de l'État de Borno, en même temps que d'autres victimes.


"J'ai entendu une explosion, puis c'était le chaos, avec des morts et des blessés partout autour",
témoigne Mohammed Amadu, également présent au mariage, qui a eu une jambe cassée lors de l'explosion.

Gwoza, une ville de près de 400 000 habitants, a été le théâtre samedi de quatre attentats-suicides presque simultanés, dont au moins trois ont été perpétrés par des femmes kamikazes, causant la mort d'au moins 18 personnes et blessant une quarantaine d'autres.

Ces attaques, non revendiquées à ce jour, rappellent cruellement aux habitants que le groupe terroriste nigérian Boko Haram reste une menace persistante.


Implanté solidement dans cette région frontalière avec le Cameroun, Boko Haram est connu pour utiliser des femmes kamikazes dans sa lutte armée visant à établir un califat dans le nord-est du Nigeria, ciblant des marchés, des écoles, des mosquées, des églises et de grands rassemblements civils.

Récemment, les attentats-suicides avaient diminué au Nigeria, les combattants terroristes privilégiant d'autres modes d'action comme les enlèvements, les massacres et les pillages.


En 2014, Boko Haram avait pris le contrôle de Gwoza et déclaré un califat après avoir occupé une partie de l'État de Borno.

Bien que l'armée nigériane, avec le soutien des forces tchadiennes, ait repris la ville en 2015, le groupe terroriste continue de mener des attaques depuis les montagnes surplombant la ville, près de la frontière camerounaise.


Le président nigérian, Bola Ahmed Tinubu, a
"fermement condamné les attentats-suicides"
dans un communiqué dimanche, y voyant
"une claire manifestation de la pression exercée sur les terroristes et des succès obtenus dans l'affaiblissement de leurs capacités d'attaque".

"Il ne permettra pas à la nation de sombrer dans une ère de peur, de larmes, de chagrin et de sang",
a-t-il ajouté. Arrivé au pouvoir il y a un an, M. Tinubu avait fait de la lutte contre l'insécurité une priorité, mais les résultats se font encore attendre.

Le premier attentat a eu lieu samedi pendant une cérémonie de mariage, quand une kamikaze a déclenché ses explosifs au milieu des invités. Peu après, une autre attaque, également menée par une femme selon les témoignages, a eu lieu au même endroit.

Quelques minutes plus tard, une explosion provenant
"d'un autre engin conduit par une adolescente"
s'est produite près de l'hôpital général de la ville, selon un responsable des services de secours locaux (SEMA).

Un membre de la milice antiterroriste assistante de l'armée à Gwoza a déclaré à l'AFP qu'un quatrième attentat-suicide avait visé un poste de sécurité, tuant trois personnes, dont un soldat. Ce bilan n'a pas encore été confirmé de source officielle.


"Ça me rappelle 2014, quand Gwoza était sous le contrôle de ces groupes terroristes",
a déclaré Baba Shehu Saidu à l'AFP à l'hôpital de Maiduguri, après avoir perdu cinq membres de sa famille lors des attaques de samedi.

"La situation est calme, l'armée est présente dans la ville",
a déclaré dimanche matin à l'AFP Fatima Musa, responsable du gouvernement local de Gwoza, exprimant ses craintes que
"les gens continueront à vivre dans la peur".

L'insécurité demeure très forte même si Boko Haram a perdu du terrain ces dernières années, notamment du fait de sa concurrence avec Daesh en Afrique de l'ouest né d'une scission d'avec Boko Haram.

Les combattants terroristes continuent de viser régulièrement les communautés rurales du Nigeria, tuant les hommes et enlevant les femmes qui s'aventurent hors des villes à la recherche de bois de chauffage.


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