président kirghize Sadyr Japarov /archives/ AFP
Le ministère de la Culture du Kirghizstan a annoncé lundi avoir intenté une action en justice pour fermer l'un des principaux médias privés de ce pays d'Asie centrale, la branche kirghize de Radio Free Europe.
Dans une région où la liberté d'expression est strictement encadrée, le Kirghizstan apparaît comme une exception et bénéficie d'un relatif pluralisme médiatique et politique, mais des ONG dénoncent régulièrement les pressions croissantes contre les médias.
"Une action judiciaire a bien été intentée
" contre Azattyk, filiale locale de RFE/RL, afin de fermer ce média, a déclaré à l'AFP une source au sein du ministère kirghize de la Culture, de l'Information et des Sports.
La source confirmait ainsi l'information publiée plus tôt dans la journée par Azattyk. Selon ce média, une plainte à son encontre pour mettre fin à ses activités a été déposée par le ministère auprès d'un tribunal à Bichkek, la capitale de cette ex-république soviétique de quelque 6,7 millions d'habitants.
Le ministère n'a pas précisé la date du procès contre Azattyk, média qui compte près de deux millions d'abonnés sur sa chaîne YouTube, couvrant notamment l'opposition ou enquêtant sur la corruption.
Cette annonce intervient après le blocage en octobre du site et du compte bancaire d'Azattyk pour deux mois, une décision prolongée depuis, pour "
diffusion d'informations inexactes contraires aux intérêts nationaux de la République kirghize"
.
Le ministère reproche à Azattyk de ne pas avoir retiré un reportage, malgré sa demande, sur les affrontements entre le Kirghizstan et le Tadjikistan qui ont fait une centaine de morts en quelques jours mi-septembre.
Ce reportage contenait "
des éléments de discours de haine, des informations non confirmées sur une soi-disant attaque du Kirghizstan contre le Tadjikistan, des informations alarmistes provoquant la haine dans la société, la discrimination et la division entre les citoyens"
, a poursuivi la source au sein du ministère.
En réponse à une lettre critiquant le blocage d'Azattyk envoyée par deux sénateurs américains au président kirghize Sadyr Japarov, son porte-parole a assuré que
"toutes les conditions nécessaires au fonctionnement de médias indépendants étaient réunies au Kirghizstan" mais qu'il fallait "respecter la législation"
.
Une loi sur les médias est en cours d'élaboration mais une partie de la société considère qu'elle pourrait restreindre la liberté d'expression.