Le Japon a commencé jeudi à rejeter en mer de l'eau issue de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima, malgré les inquiétudes de ses pêcheurs et une vive opposition de Pékin, qui a immédiatement renforcé ses restrictions commerciales vis-à-vis de Tokyo.
En juillet, la Chine avait déjà interdit l'importation de denrées de dix départements japonais, dont celui de Fukushima, et Hong Kong et Macao ont pris des mesures similaires plus tôt cette semaine. La Chine était l'an dernier le premier marché à l'export pour la pêche japonaise.
Tepco prévoit trois autres déversements d'ici fin mars prochain, pour des volumes équivalents.
Au total, le Japon prévoit d'évacuer plus de 1,3 million de m3 d'eaux usées stockées jusqu'à présent sur le site de la centrale de Fukushima Daiichi, provenant d'eau de pluie, de nappes souterraines et des injections nécessaires pour refroidir les cœurs des réacteurs entrés en fusion après le tsunami de mars 2011 qui avait dévasté la côte Nord-Est du pays.
Nombreuses précautions prises
Ce processus sera très progressif -il doit durer jusque dans les années 2050- et la teneur d'eau tritiée dans les rejets en mer quotidiens n'excèdera pas 500 m3.
Ce niveau est 40 fois inférieur à la norme nationale japonaise pour l'eau tritiée alignée sur la norme internationale (60.000 Bq/litre), et il est par ailleurs environ sept fois inférieur au plafond établi par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour l'eau potable (10.000 Bq/litre).
Manifestations en Corée du Sud
Mais beaucoup voient les choses différemment. Les pêcheurs japonais d'abord redoutent un impact sur l'image de leurs produits, qui se fait déjà sentir avec les restrictions chinoises adoptées le mois dernier.
Le déversement en mer d'eau tritiée est cependant une pratique courante de l'industrie nucléaire dans le monde entier, et le niveau annuel de radioactivité de ces rejets par les centrales nucléaires chinoises est bien supérieur à celui prévu à Fukushima Daiichi, a relevé Tokyo.
D'autres États d'Asie-Pacifique ayant de meilleures relations avec le Japon, comme la Corée du Sud, Taïwan, l'Australie ou encore les îles Fidji et les îles Cook, ont ainsi exprimé leur confiance quant à la sécurité du processus du rejet contrôlé par l'AIEA.
Des manifestations contre le rejet ont toutefois lieu en Corée du Sud. Plus de dix personnes ont été arrêtées jeudi à Séoul pour avoir tenté de pénétrer dans l'ambassade du Japon, a déclaré la police locale à l'AFP.
Au Japon, signe d'une certaine résignation de la population sur le sujet, un rassemblement de protestation jeudi matin près de la centrale de Fukushima Daiichi n'a réuni que neuf personnes, a constaté l'AFP sur place.