Crédit Photo : Faure Essozimna GNASSINGBÉ / Média X
Le Président de la république togolaise, Faure Essozimna GNASSINGBÉ.
Les élections législatives du 29 avril s'annoncent comme une formalité pour le président togolais, à la tête de l'État depuis presque 20 ans, après avoir succédé à son père Eyadéma Gnassingbé qui avait tenu d'une main de fer le pays pendant près de 38 ans.
Faure Gnassingbé, bientôt 58 ans, est l'héritier d'une dynastie au pouvoir depuis plus d'un demi-siècle dans ce petit pays de 8 millions d'habitants où 40 % de la population vit sous le seuil de pauvreté et qui figure à la 167ème place sur 189 dans l'index de développement humain des Nations-Unies.
Après avoir étudié quinze années à l'étranger et décroché un diplôme de gestion à Paris et un MBA de la George Washington University aux États-Unis,
, comme ses adversaires politiques l'appelaient avec condescendance, s'est hissé au sommet de l'État en 2005 juste avant son quarantième anniversaire, au décès de son père.
Une première élection émaillée par des violences ayant fait 400 à 500 morts selon l'ONU. Quatre ans plus tard, il n'a pas hésité à envoyer en prison pour 20 ans l'un de ses demi-frères, Kpatcha, pour
"tentative de coup d'État".
Ce célibataire sans descendance officielle a été réélu à quatre reprises dans des scrutins toujours contestés par l'opposition qui a dénoncé systématiquement fraudes, irrégularités et répression.
À ses détracteurs qui l'accusent d'autoritarisme, il répondait calmement en 2020 ne pas se
"sentir l'âme d'un dictateur".
Le changement constitutionnel adopté par les députés togolais fin mars puis validé le 19 avril, consacrant un régime parlementaire et non plus présidentiel, ne devrait pas changer le paysage politique, selon l'opposition, tant les nouvelles dispositions constitutionnelles et les élections législatives semblent favorables à Faure Gnassingbé.
S'il devrait selon toute vraisemblance abandonner prochainement la magistrature suprême, devenue un simple titre honorifique, ce n'est pas pour céder le pouvoir.
Selon la nouvelle Constitution, l'exercice du pouvoir réside désormais entre les mains du président du Conseil des ministres, sorte de super-Premier ministre qui concentre les fonctions régaliennes dont le tenant sera automatiquement le président du parti majoritaire à l'Assemblée nationale.
Actuellement, cette majorité est occupée par l'Union pour la République (UNIR), dont le président n'est autre que Faure Gnassingbé lui-même.
Or, de l'aveu de l'opposition elle-même, il y a peu de chances d'une alternance à l'issue du scrutin du 29 avril.
"Si l'opposition gagne, alors les militaires sortiront de nouveau (des casernes, ndlr) car l'objectif est de garder le pouvoir, c'est une monarchisation qui ne dit pas son nom",
selon l'historien proche de l'opposition Michel Goeh-Akue.
Peu amateur de bains de foule et relativement avare de sa parole, le
surnom lancé par le président ivoirien Alassane Ouattara, s'est imposé peu à peu comme médiateur dans les différentes crises politiques qui agitent l'Afrique de l'Ouest depuis quelques années.
Comme au Niger, où les militaires au pouvoir depuis juillet dernier lui ont demandé d'intercéder auprès de la CEDEAO, ce qui n'a pas empêché le régime putschiste d'annoncer son retrait de l'institution régionale.
Il s'était auparavant investi dans la crise malienne et les tensions entre Abidjan et Bamako.
La France, ex-puissance coloniale et alliée traditionnelle de la dynastie Gnassingbé, est particulièrement sensible à la stabilité du Togo dans cette région volatile d'où elle est peu à peu chassée suite aux récents coups d'État au Mali, au Burkina Faso et au Niger.
Le chef de l'État multiplie également les efforts pour se rapprocher de l'Occident anglophone: le Togo a intégré le Commonwealth en 2022 et fait de l'œil à Washington pour bénéficier de programmes d'aide au développement.
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