Depuis des années, Rahul Gandhi s'efforce de défier dans les urnes le Premier ministre Narendra Modi, dont le parti Bharatiya Janata (BJP) détient le quasi-monopole du pouvoir, avec ses discours nationalistes à destination de la majorité hindoue.
M. Modi a pris soin de dépeindre son principal adversaire, qualifié de "costume vide" dans des communications de l'ambassade américaine qui ont fuité en 2005, comme un jeune prince déconnecté, plus intéressé par le luxe et son confort personnel que par la lutte pour diriger la plus grande démocratie du monde.
Son parti, le Congrès, autrefois une puissante force politique grâce à son rôle dans la fin de la domination coloniale britannique il y a 75 ans, n'est plus aujourd'hui que l'ombre de lui-même, miné par des luttes intestines et des défections.
Depuis le début de son long périple en septembre dernier à l'extrême sud de l'Inde, Rahul Gandhi a touché la corde sensible de beaucoup d'Indiens, avec des discours enflammés et des interactions affectueuses avec les milliers de badauds qui ont suivi le cortège.
Sa campagne rappelle le célèbre périple effectué en 1930 par Mahatma Gandhi, homonyme sans lien de parenté avec Rahul Gandhi, dont la marche pour protester contre une taxe sur le sel imposée par les autorités britanniques a constitué un moment décisif de la lutte pour l'indépendance.
Et faire barrage à la campagne de désinformation dont il est la cible sur les réseaux sociaux orchestrée, selon son parti, par le BJP de Narendra Modi.
Les images diffusées par M. Gandhi le montrent sur la route dans une posture d'autorité, suivi par des enfants souriants. La moitié de son visage est désormais mangée par une barbe poivre et sel qui a poussé pendant la marche.
Son voyage de 3.500 kilomètres - qui n'est pas entièrement à pied - s'achève lundi dans les contreforts glacés de l'Himalaya, au Cachemire, après des mois passés à peaufiner à la fois son image d'homme du peuple et un discours électoral capitalisant sur l'insécurité économique.
Le parti a dominé la politique indienne durant le demi-siècle qui a suivi l'indépendance de l'Inde, mais n'est aujourd'hui plus qu'à la tête de trois des 28 Etats du pays.
Rahul Gandhi a pourtant déjà mené le Congrès à deux défaites électorales cuisantes contre le BJP, dont la victoire aux élections nationales de l'année prochaine est presque universellement considérée comme acquise par les experts.
L'année dernière, le parti a traversé une crise interne concernant la succession de Sonia Gandhi, la mère de Rahul.
Ses prises de paroles exhortant à la tolérance religieuse et à renouer avec les traditions séculaires de l'Inde n'ont pas réussi par le passé à ébranler le plaidoyer agressif du BJP aux relents nationalistes, à une époque où l'intolérance à l'égard des musulmans est en hausse.
En outre, le Premier ministre Narendra Modi bénéficie d'une couverture médiatique largement favorable au BJP, les libertés de la presse indienne ayant fortement reculé depuis son arrivée au pouvoir en 2014, selon les organismes de surveillance internationaux.