Dans le nord du Nigéria, l'angoissante attente des familles des enfants enlevés

12:0012/03/2024, Salı
AFP
Des parents d'élèves enlevés à la Bethel Baptist High School sont vus à l'intérieur des locaux de l'école pour prier pour le retour de leurs enfants qui ont été enlevés par des hommes armés dans la zone du gouvernement local de Chikun de l'État de Kaduna, au nord-ouest du Nigéria, le 14 juillet 2021.
Crédit Photo : KOLA SULAIMON / AFP (Archive)
Des parents d'élèves enlevés à la Bethel Baptist High School sont vus à l'intérieur des locaux de l'école pour prier pour le retour de leurs enfants qui ont été enlevés par des hommes armés dans la zone du gouvernement local de Chikun de l'État de Kaduna, au nord-ouest du Nigéria, le 14 juillet 2021.

Les proches des plus de 280 élèves enlevés la semaine dernière dans l'Etat de Kaduna, au nord-ouest du Nigeria, étaient encore dans l'incertitude lundi concernant le sort des enfants et l'avancée de l'opération de sauvetage dirigée par les autorités.

Des dizaines d'hommes armés ont fait irruption jeudi dernier dans une école du village agricole de Kuriga et ont emmené de force plus de 280 élèves.


Dans le pays le plus peuplé d'Afrique, des criminels appelés
"bandits",
adeptes des enlèvements contre rançon, ciblent régulièrement les écoles, les lieux de cultes ou les autoroutes.

Le gouvernement a déclaré avoir envoyé des troupes dans les forêts du Nord-Ouest pour sauver les étudiants, qui étaient environ 280, mais peu de détails ont été révélés quatre jours après l'enlèvement non revendiqué.


Muhammad Kabir indique ne pas avoir été informé par les autorités sur l'avancée des recherches pour libérer ses enfants et leurs camarades.


Dans la ville de Kaduna où il réside, il a déclaré:


D'après ce que nous avons compris, les enfants ont été divisés en groupes par les ravisseurs et envoyés dans différents camps.

"Nous sommes inquiets, nous n'avons aucune idée de ce que les enfants vivent entre les mains de leurs ravisseurs",
a ajouté le père de famille qui appelle les autorités à agir rapidement.

"Kuriga est une communauté très unie. Tout le monde a donc été touché par cette tragédie",
d'après M. Kabir.

Deuxième enlèvement de masse


Lundi marque le début du mois sacré du ramadan au cours duquel les familles du nord du Nigeria, majoritairement musulmanes, se réunissent le soir pour rompre le jeûne.


Abdullahi Musa, un habitant de Kuriga, fait le même constat depuis que le gouvernement a annoncé les recherches menées par l'armée:
"C'était samedi et depuis, nous n'avons pas eu de nouvelles (...) Nous avons besoin de recevoir des informations régulières afin de nous apaiser".

Un autre habitant, Isa Mustapha, a déclaré qu'il se sentait
"dans le noir"
, et déploré le peu d'informations disponibles.

L'armée, la police et la présidence nigérianes n'ont pas répondu aux demandes des journalistes sur l'avancée des opérations de sauvetage.


Le porte-parole du gouverneur de l'État de Kaduna a déclaré lundi qu'il s'agissait d'une question de
"sécurité nationale"
et qu'il n'était pas en mesure de commenter.

Le gouverneur de Kaduna, Uba Sani, a mis en garde les médias contre toute tentation de
"politiser"
cet événement, dimanche sur le réseau social X. Cet enlèvement est survenu après le kidnapping de plus de 100 femmes et enfants la semaine précédente dans un camp de déplacés dans l'Etat du Borno (nord-est) par de présumés jihadistes.

Et samedi, au moins 15 élèves d'une école islamique dans l'Etat de Sokoto (nord-ouest) ont été enlevés par des hommes armés, d'après des sources locales.


L'Unicef, l'agence des Nations Unies pour la protection de l'enfance, a appelé le gouvernement à mieux protéger les écoles au Nigeria, où des centaines d'élèves ont été enlevés au cours des trois dernières années.


La plupart ont été libérés après des semaines ou des mois dans des camps cachés dans les forêts, à la suite de négociations et du versement d'une rançon.

Kabir Adamu, directeur de la société d'analyse de risques nigériane Beacon Consulting, estime que les responsables sécuritaires du pays
"ont échoué".

"Il y a environ 29 ministères, départements d'Etat et agences en charge de la sécurité au Nigeria, qui ont des mandats précis, et qui doivent être tenus responsables pour avoir échoué à empêcher ces attaques",
a-t-il déclaré lundi.

Le président Bola Ahmed Tinubu est arrivé au pouvoir au Nigeria l'an dernier en promettant, comme ses prédécesseurs, de s'attaquer à l'insécurité, alimentée par les groupes terroristes dans le nord-est, les bandits dans le nord-ouest et la flambée de violences intercommunautaires dans les Etats du centre.


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