Crédit Photo : I-Hwa CHENG / AFP
Ko Wen-je, candidat à la présidence de Taïwan du Parti populaire de Taïwan (TPP) d'opposition et sa compagne de course Cynthia Wu ainsi que des partisans posent pour des photos au marché nocturne de Miaokou à Keelung le 10 janvier 2024.
Ban Shu Dan a lâché son travail, pris son sac à dos et entamé une longue marche à travers Taïwan, diffusée en ligne, pour une seule raison: exprimer son soutien à Ko Wen-je, le candidat outsider de l'élection présidentielle de samedi.
Sur le réseau social TikTok, sa chaîne utilise ce pseudonyme de Ban Shu Dan -qui signifie en mandarin
- et retransmet son périple du sud au nord de l'île.
"Dévoué, qui aime le peuple, qui aime la patrie"
, dit l'affiche jaune accrochée à son sac à dos, pour décrire son candidat: Ko Wen-je, du petit Parti populaire de Taïwan (TPP).
L'île démocratique se rend aux urnes samedi pour choisir son nouveau président, un scrutin observé de près par Pékin, qui revendique la souveraineté de ce territoire, et Washington, principal fournisseur d'armes de Taïwan. Le résultat sera déterminant pour l'avenir des relations entre les deux premières puissances mondiales.
Si les deux principaux candidats, le vice-président sortant Lai Ching-te du Parti démocratique progressiste (DPP) et Hou Yu-ih du Kuomintang (KMT), se disputent sur la façon de réagir aux velléités de Pékin, Ban Shu Dan, lui, estime que c'est un
.
"La question de Taïwan n'est pas entre les mains du peuple taïwanais, mais dans celles des Etats-Unis et de la Chine"
, assure-t-il à l'AFP, près d'un meeting dans la ville de Keelung (nord).
Un point de vue similaire à celui défendu par Ko Wen-je, qui a surpris dans la campagne en se positionnant comme troisième force politique du pays. Le côté anti-establishment de cet ex-chirurgien qui n'a fondé son parti qu'en 2019 séduit un électorat plus jeune et mieux connecté que les deux principaux partis.
Et ses partisans n'hésitent pas à montrer leur soutien à ce candidat, qui est aussi l'ancien maire de la capitale Taipei: certains ont lancé une campagne pour transporter à pied, depuis la pointe sud de l'île, un ballon géant à son effigie, de près de trois mètres de haut.
Trentenaire, Ban Shu Dan raconte s'être senti tellement inspiré par le candidat qu'il a démissionné de son travail le mois dernier afin de participer lui aussi à cette épopée.
"Avant, j'étais agent immobilier"
, raconte-t-il, visiblement peu inquiet face à la perspective de devoir chercher ensuite un nouvel emploi.
"C'est facile de trouver un travail si vous avez envie de travailler, mais que (Ko Wen-je) soit candidat à la présidence, ça n'arrivera qu'une fois, il n'y en aura peut-être pas d'autres"
.
La chaîne de Ban Shu Dan sur TikTok compte plus de 14.000 abonnés. On y voit des vidéos d'électeurs de la ville de Kaohsiung (sud) ou encore de Taipei, dans lesquelles ils expliquent pourquoi ils soutiennent Ko Wen-je. La vidéo la plus populaire de sa chaîne -avec plus de 500.000 vues- montre le candidat en train de marcher dans une rue animée, de serrer des mains et prendre des selfies avec ses partisans, tandis qu'un animateur s'écrie
.
Les critiques de Ko Wen-je ne manquent pas: il a changé d'avis sur de nombreux sujets afin d'attirer les électeurs des deux autres partis et que ses positions sur la Chine ne sont pas claires. Lai Ling, électrice de 40 ans, croit toutefois en lui, après avoir été déçue par le DPP, au pouvoir ces huit dernières années.
"Il y a quatre ans, même si je n'étais pas très contente de l'administration (de la présidente Tsai Ing-wen), j'ai voté pour elle"
afin d'empêcher la victoire du KMT.
Mais
"cette fois, je suis ravie de pouvoir choisir sans dépendre des idéologies"
. Quand on demande à Ban Shu Dan quelle distance il aura parcouru, au total, en soutien à Ko Wen-je, il répond n'en avoir aucune idée.
"Ce n'est pas important. Ce qui est important, c'est qu'il soit élu"
, affirme-t-il, avant de repartir vers le meeting.
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