Inondations au Brésil: la déforestation pointée du doigt

15:3522/05/2024, mercredi
AFP
La déforestation est pointée du doigt comme un facteur d'aggravation des inondations dévastatrices ayant frappé la région de l'État de Rio Grande do Sul, au Brésil, en mai 2024.
Crédit Photo : Nelson ALMEIDA / AFP
La déforestation est pointée du doigt comme un facteur d'aggravation des inondations dévastatrices ayant frappé la région de l'État de Rio Grande do Sul, au Brésil, en mai 2024.

Alors que le sud du Brésil tente de se remettre des inondations historiques, un élu local suscite des railleries avec une proposition controversée : il estime urgent de couper des arbres le long des routes.

Sandro Fantinel, membre du parti de Jair Bolsonaro et conseiller municipal de Caxias do Sul, ville importante du Rio Grande do Sul, avance que les racines des arbres, gorgées d'eau, sont responsables des glissements de terrain ayant bloqué les routes.


Cependant, cette idée est balayée par les spécialistes. Selon eux, la solution réside dans la replantation de la végétation native, longtemps sacrifiée au profit de cultures comme le soja, dans cette région.

Eduardo Velez, spécialiste chez MapBiomas, un collectif regroupant des ONG et des universités brésiliennes, souligne que la déforestation, conjuguée au changement climatique, a exacerbé l'intensité des inondations. Le Rio Grande do Sul, situé à la frontière avec l'Uruguay et l'Argentine, a récemment subi le pire désastre climatique de son histoire, avec des conséquences désastreuses tant urbaines que rurales.


Au cours des années, cette région a perdu 22% de sa végétation autochtone, soit 3,6 millions d'hectares, principalement au profit de cultures telles que le soja, dont le Brésil est le principal producteur et exportateur mondial.

Cette déforestation a également favorisé l'expansion des plantations de riz et de monocultures de conifères ou d'eucalyptus, aggravant ainsi les risques d'inondations.


La végétation autochtone joue un rôle crucial dans l'absorption de l'eau dans le sol, réduisant ainsi le risque d'accumulation en surface. Elle agit également comme une barrière naturelle, limitant l'impact des crues.

Actuellement, les cours d'eau, encombrés par les dépôts de boue provenant des inondations récentes, perdent en profondeur, ce qui aggrave les risques d'inondations lors de précipitations intenses.


Pour Eduardo Velez, il est impératif de mettre en œuvre des politiques de replantation de la végétation native, en plus des mesures de relogement des populations exposées aux risques et de reconstruction des infrastructures. Malgré quelques initiatives, comme l'engagement à replanter 90 000 hectares de la forêt atlantique en 2023, la région manque encore de mesures à grande échelle.


La déforestation, exacerbée pendant le mandat de Jair Bolsonaro, a atteint des niveaux alarmants en Amazonie et ailleurs, sous l'impulsion du puissant lobby de l'agro-négoce.

Jaqueline Sordi, biologiste régionale, espère que ces inondations historiques sensibiliseront la société à l'importance des mesures scientifiques préventives, soulignant que l'attention n'est souvent portée au problème qu'une fois que les conséquences sont manifestes.


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