Crédit Photo : DODO ADOGLI / AFP
Des partisans du parti d'opposition Dynamique pour la Majorité du Peuple (DMP) se réjouissent alors qu'ils font campagne dans les rues de Lomé, le 27 avril 2024.
Les Togolais votent lundi lors des élections législatives et régionales après une réforme de la Constitution controversée, destinée selon l'opposition à prolonger le règne du président Faure Gnassingbé.
Selon cette réforme adoptée le 19 avril à l'unanimité par les députés, le président sera élu pour un mandat de quatre ans, renouvelable une fois, par les députés et non plus par le peuple. Le prochain scrutin au suffrage direct, qui était prévu en 2025, n'aura donc pas lieu.
Le pouvoir résidera désormais entre les mains du président du conseil des ministres, une sorte de super-Premier ministre qui sera obligatoirement
"le chef du parti majoritaire"
à l'Assemblée nationale.
Le chef du parti vainqueur des élections sera nommé à cette nouvelle fonction. Le président du parti majoritaire actuellement à l'Assemblée, l'Union pour la République (UNIR), n'est autre que Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005 à la suite de son père, lui-même resté près de 38 ans aux manettes de l'État. L'opposition craint que le nouveau texte permette la prolongation de la dynastie Gnassingbé à la tête du pays.
Les Togolais votent lundi pour élire 113 députés à l'Assemblée nationale mais aussi, pour la première fois, 179 conseillers régionaux qui, avec les conseillers municipaux, désigneront le Sénat nouvellement créé.
Pour l'UNIR, cette réforme rend les instances du pouvoir plus représentatives du Togo. Mais les partis d'opposition mobilisent leurs soutiens pour voter contre ce qu'ils qualifient de
"coup d'État institutionnel".
"Je n'attends que la forte mobilisation toute la journée de lundi, pour qu'on puisse donner la chance à l'opposition de gagner ces élections et de prendre le contrôle de l'Assemblée nationale et du pays",
a déclaré Afi Akladji, 42 ans, un cordonnier qui soutient le principal parti d'opposition, l'ANC.
Nous ne sommes pas dans un royaume, l'opposition va gagner ces élections.
M. Gnassingbé, 57 ans, a déjà remporté quatre élections, toutes dénoncées comme truquées par l'opposition. En vertu de la constitution précédente, il n'aurait plus pu se présenter qu'une fois à la présidence, en 2025.
D'après la nouvelle constitution, le président togolais a désormais un rôle essentiellement honorifique.
Le Togo bascule ainsi d'un système présidentiel à un système parlementaire, ce qui signifie que le pouvoir sera entre les mains du président du conseil des ministres. Si le parti au pouvoir UNIR gagne lundi, M. Gnassingbé pourrait assumer ce nouveau poste immédiatement.
Pour ses partisans, son maintien au pouvoir signifie la poursuite des programmes de développement qui, disent-ils, ont amélioré les infrastructures.
"Aujourd'hui, nous avons des routes dans le pays, notamment à Lomé, des écoles sont construites, plusieurs projets sont initiés en faveur des femmes, des jeunes et des paysans"
, énumère Evariste Yalo, 31 ans, informaticien et militant du parti au pouvoir.
Le pays bouge, raison pour laquelle le président doit poursuivre le travail entamé.
La Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) a annoncé qu'elle envoyait une équipe d'observateurs électoraux au Togo. À l'approche du scrutin, les autorités ont serré la vis.
Toutes les tentatives de l'opposition pour manifester contre la réforme constitutionnelle ont été interdites. Et la Commission électorale a refusé à la Conférence des évêques du Togo l'autorisation de déployer des observateurs électoraux, selon un document diffusé.
La Haute autorité de l'audiovisuel et de la communication a également suspendu temporairement les accréditations pour la presse étrangère voulant couvrir les élections.
#Togo
#élections
#législatives
#régionales
#constitution
#Faure Gnassingbé