Sri Lanka: le premier président de gauche du pays en quête de majorité parlementaire

10:2812/11/2024, mardi
AFP
Le président du Sri Lanka et chef du parti National People's Power (NPP), Anura Kumara Dissanayake, s'adresse à ses partisans lors d'un rassemblement en vue des prochaines élections législatives, à Colombo, le 11 novembre 2024.
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Le président du Sri Lanka et chef du parti National People's Power (NPP), Anura Kumara Dissanayake, s'adresse à ses partisans lors d'un rassemblement en vue des prochaines élections législatives, à Colombo, le 11 novembre 2024.

Dans la foulée de sa victoire historique, il y a deux mois, le premier président de gauche du Sri Lanka espère obtenir jeudi, lors d'élections législatives anticipées, la majorité requise pour mener à bien ses promesses de réformes.

Marxiste de formation, reconverti depuis à l'économie de marché, Anura Kumara Dissanayake, 55 ans, a été élu à la tête d'un pays épuisé par deux ans d'une brutale cure d'austérité imposée par la pire crise économique de son histoire. Depuis qu'il a dissous le Parlement en septembre, il répète inlassablement sa volonté de baisser les taxes ou d'éradiquer la corruption.


Le parti du président, le Front de libération du peuple (JVP), qui a mené deux insurrections meurtrières en 1971 et 1987-88, ne détient que 3 des 225 sièges du Parlement sortant. Mais, de l'avis des experts, les 17 millions d'électeurs devraient faire largement confiance à la coalition de gauche dont il a pris la tête.

"Je pense que (la coalition) du président (...) va décrocher une majorité confortable"
, anticipe Imran Furqan, responsable du centre de réflexion géopolitique Tresync, en Australie.
"L'opposition est morte"
, renchérit l'analyste politique Kusal Perera.
"Le résultat du scrutin est une affaire classée: le NPP (coalition présidentielle) formera le prochain gouvernement."

Majoritaire dans l'assemblée législative sortante, le parti de l'ancien président Mahinda Rajapaksa a volé en éclats et de nombreux députés sortants ont préféré ne pas se représenter. L'arrivée au pouvoir d'un admirateur de Karl Marx et Che Guevara, dont le parti arbore toujours le marteau et la faucille communistes, a nourri les craintes des milieux économiques.


Les premières semaines de M. Dissanayake à la barre du pays semblent les avoir largement levées. Son programme de réformes a ainsi reçu l'onction publique de la Chambre de commerce de Ceylan (CCC), dont le patron, Duminda Hulangamuwa, est même devenu le conseiller du président pour les affaires économiques.

Climat de confiance


M. Dissanayake veut
"promouvoir une croissance plus inclusive"
, a rappelé la semaine dernière devant la presse M. Hulangamuwa.
"C'est la politique voulue par le gouvernement, c'est aussi celle souhaitée par la Chambre de commerce."
La décision du nouveau président de ne pas remettre en cause l'accord signé en 2023 avec le Fonds monétaire international (FMI) pour remettre le pays sur pied, mais simplement d'en renégocier certaines clauses, a rassuré les investisseurs.

L'économie du Sri Lanka s'est effondrée en 2022, contraignant son gouvernement à faire défaut sur une dette publique de 46 milliards de dollars (42 milliards d'euros). Plusieurs semaines de manifestations populaires contre les pénuries et l'inflation qui ont suivi ont causé en juillet 2022 la chute du président de l'époque, Gotabaya Rajapaksa. En échange d'une aide de 2,9 milliards de dollars (2,6 milliards d'euros) du FMI, son successeur Ranil Wickremesinghe a multiplié les hausses d'impôts et les coupes dans les dépenses publiques.

L'institution financière a engagé ces dernières semaines des discussions sur les
"approches alternatives"
défendues par M. Dissanayake, mais rappelé aussi la nécessité de
"protéger et de développer"
les efforts engagés. La croissance est repartie à la hausse - 4,7 % au deuxième trimestre 2024 - et l'inflation a été contrôlée - 2,4 % sur les douze derniers mois après un pic de près de 70 % en 2022. La bourse de Colombo a salué ce climat de confiance.

Son principal indice a progressé de plus de 16 % depuis le scrutin présidentiel.
"Maintenant que nous avons un président (de gauche), il faut que le Parlement le soutienne pour garder ce climat favorable aux affaires"
, juge le chef de l'association des hôteliers, Anura Lokuhetty.

Dans sa quête de majorité parlementaire, Anura Kumara Dissanayake devrait aussi pouvoir compter sur ceux qui soutiennent son combat contre la corruption.
"L'enjeu de cette élection, c'est la victoire du progrès sur la stagnation, de l'unité sur la division, de l'honnêteté sur la corruption"
, résume une avocate, Shanthini Walgama.

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