Le dossier Renault-Nissan a été au menu des discussions lundi dernier à Paris entre le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre japonais Fumio Kishida, alors que l’État français possède 15% du constructeur tricolore.
Et un courrier du ministre français de l’Économie Bruno Le Maire à ses homologues du ministère nippon de l’Économie, du Commerce et de l'Industrie (Meti) a été déterminant pour achever de rassurer certains administrateurs indépendants de Nissan sur les intentions de Paris, selon la même source.
Les négociations entre Renault et Nissan traînaient en longueur depuis des mois car elles portaient sur plusieurs volets tous reliés les uns aux autres, rendant l'opération particulièrement complexe.
Le groupe français, qui a dévoilé en novembre dernier sa future architecture en cinq pôles différents, prévoit de réduire sa part au capital de Nissan à 15% contre 43,7% actuellement, selon plusieurs sources interrogées par l'AFP ces derniers mois.
Pour la première fois depuis leur mariage en 1999, les deux groupes se retrouveraient ainsi sur un pied d'égalité, chacun détenant 15% du capital de l'autre et avec autant de droits de vote.
Ce rééquilibrage est perçu des deux côtés comme un moyen de normaliser et de rendre plus efficaces les relations entre les deux groupes qui ont connu de vives tensions par le passé, comme après la chute spectaculaire de l'emblématique patron de l'alliance Carlos Ghosn, arrêté fin 2018 au Japon après des accusations de malversations financières et qui a fui un an plus tard au Liban.
La gestion autoritaire de M. Ghosn et l'interventionnisme de l’État français dans les affaires de Renault il y a quelques années, avec notamment son ancien projet de fusion des deux groupes, avaient été très mal digérés dans l'archipel nippon.
Les quelque 28% du capital de Nissan que Renault s'engagerait à vendre seront toutefois d'abord placés dans un trust créé à cet effet. Car leur valeur de marché actuelle est très inférieure à celle inscrite dans les comptes du constructeur français, qui attendra des jours meilleurs pour les céder, probablement au fil de l'eau.
Nissan va aussi prendre jusqu'à 15% d'Ampere, le futur pôle électrique de Renault devant être introduit en Bourse dans le second semestre de cette année.
Concernant Horse, le futur pôle regroupant à l'étranger les activités de Renault dans les moteurs thermiques avec le chinois Geely, Nissan n'aurait plus d'objections depuis quelques mois, des restrictions d'usage sur certaines de ses technologies ayant été aménagées afin d'éviter que cette nouvelle société n'entre en concurrence directe avec ses propres produits.