À l'extérieur de l'université de Cork (sud), où avait lieu le premier débat, des dizaines de protestataires ont déployé jeudi matin des banderoles:
Oui à la neutralité, non à la guerre.
Nous sommes très clairs concernant notre politique: nous ne comptons rejoindre ni l'Otan ni aucune autre alliance militaire. Nous allons investir dans nos forces armées.
Quelque 1.200 personnes se sont inscrites pour participer aux débats, qui après Cork va se déplacer dans le pays de cinq millions d'habitants pour se conclure à Dublin lundi et mardi.
Avec un budget de 1,1 milliard d'euros consacré à sa défense, l'Irlande reste loin derrière les autres membres de l'UE en termes de dépenses militaires, la laissant dépendante de ses voisins, selon certaines voix critiques, pour assurer sa sécurité.
Ses forces armées comptent 8.500 militaires qui participent à des opérations de maintien de la paix, 500 soldats étant actuellement déployés à l'étranger, essentiellement au Liban.
Depuis l'invasion de l'Ukraine, le passage régulier de navires russes au large des côtes irlandaises fait craindre au gouvernement des sabotages, susceptibles en particulier d'affecter des câbles transatlantiques.
L'Irlande ne dispose que de six navires de patrouille, appuyés par deux avions chargés des patrouilles maritimes pour surveiller sa zone économique exclusive, qui représente 16% des eaux territoriales de l'UE, selon le Royal United Services Institute.
Le gouvernement irlandais a déjà souligné la nécessité de se préparer aux cyberattaques, comme celle attribuée à un gang russe qui a paralysé son service de santé en 2021.
Le gouvernement a annoncé l'an passé vouloir porter les dépenses militaires à 1,5 milliard d'euros par an d'ici à 2028, une augmentation sans précédent.
En février, Dublin a accepté de participer à l'assistance militaire apportée par l'UE à l'Ukraine avec 30 militaires irlandais chargés de former les troupes ukrainiennes.
La politique de neutralité de l'Irlande remonte à son combat pour prendre son indépendance et échapper à la domination britannique, par une guerre civile sanglante qui a abouti à la création de la République d'Irlande en 1937.
Si la constitution ne grave pas ce non-alignement dans le marbre, les gouvernements successifs ont tous suivi la décision, critiquée par Londres et Washington, en ce sens du Premier ministre Eamon de Valera à l'issue de la Deuxième Guerre mondiale.