Cet acte audacieux a ravivé les débats sur l'avenir du G5 Sahel, mais il ne s'arrête pas là. L'AES déploie une vision ambitieuse allant au-delà de la sécurité, visant l'indépendance économique et l'intégrité des États.
Le 16 septembre dernier, le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont annoncé la signature de la Charte du Liptako-Gourma, créant ainsi l'Alliance des États du Sahel (AES). Cette nouvelle alliance vise à assurer la défense collective des populations de ces États. Cette initiative, survenue après le retrait du Mali du G5 Sahel en mai 2022, a suscité des interrogations quant à l'avenir de ce dernier et à l'émergence d'un "G3 Sahel" aux objectifs similaires, mais avec une approche différente.
La défection du Mali a mis en évidence le caractère délicat du G5 Sahel, qui est resté en grande partie inopérant depuis sa création en 2014, malgré le lancement de sa force conjointe en 2017. Cette situation découle en grande partie du manque de financement extérieur, dû à des pressions internationales, notamment des États-Unis, et d'un soutien insuffisant de la part de la France. En revanche, la nouvelle Alliance des États du Sahel (AES), centrée sur la région du Liptako-Gourma, est ancrée dans une réalité palpable.
L'article 6 de la Charte de l'Alliance établit que toute atteinte à la souveraineté et à l'intégrité territoriale de l'une des parties contractantes sera considérée comme une agression contre les autres, engageant ainsi une obligation d'assistance mutuelle, y compris l'usage de la force armée pour rétablir la sécurité.
Par ailleurs, la France, dont les relations se sont tendues avec ces trois pays, pourrait être perçue comme une menace potentielle. Des rapports ont révélé d'importantes sommes d'argent versées par la France, ainsi que par d'autres pays européens, en rançons versées à Al-Qaïda depuis 2008, alimentant ainsi indirectement le terrorisme au Sahel.
La Charte du Liptako-Gourma prévoit également que les trois pays se protègent mutuellement, notamment en ce qui concerne leurs frontières. Leurs armées auront la possibilité d'opérer dans l'ensemble de cet espace, en particulier dans la poursuite des terroristes au-delà des frontières.
La Charte de l'Alliance évoque également la création d'organes destinés à mettre en œuvre ses dispositions. Il est possible que ces organes couvrent des domaines tels que l'économie, la culture, la politique et les affaires sociales, ce qui pourrait accélérer les réformes dans les institutions régionales œuvrant dans ces domaines.
De plus, l'article 10 de la Charte précise que le financement de l'Alliance des États du Sahel se fera principalement par les trois pays signataires. Cependant, compte tenu de leur dépendance à l'égard de la France en tant que pays émetteur de la monnaie FCFA, il est plausible de se demander si cela pourrait annoncer la création future d'une monnaie commune entre ces trois États.
L'article 11 de la Charte encourage également l'intégration de nouveaux membres partageant des critères culturels et idéologiques similaires. Il reste à voir qui pourrait rejoindre l'Alliance des États du Sahel (AES) dans le futur.