Élection présidentielle au Tchad: un exemple de plus de la "démocratie sans choix"?

Moussa Hissein Moussa
19:156/05/2024, lundi
MAJ: 6/05/2024, lundi
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Des militaires patrouillent alors que le président de transition du Tchad, Mahamat Idriss Deby Itno (invisible), vote dans un bureau de vote à N'Djamena le 6 mai 2024 lors de l'élection présidentielle au Tchad.
Crédit Photo : Issouf SANOGO / AFP
Des militaires patrouillent alors que le président de transition du Tchad, Mahamat Idriss Deby Itno (invisible), vote dans un bureau de vote à N'Djamena le 6 mai 2024 lors de l'élection présidentielle au Tchad.

Les Tchadiens ont commencé à voter tôt lundi matin pour élire un nouveau Président et ainsi mettre fin à la transition qui avait débuté au lendemain de la mort au front de l'ancien chef de l'État Idriss Déby Itno en avril 2021. 10 candidats sont en lice, dont le président de la transition Mahamat Idriss Déby et son Premier ministre Succès Masra

Les bureaux de vote ont ouvert à 06h locales (05h GMT) et des files d'attente ont commencé à se constituer, selon des images relayées par les médias locaux.


Sur une population de plus de 18 millions d'habitants, quelque 8,2 millions d'électeurs inscrits sont appelés à prendre part à ce scrutin dans ce pays ou l'opposition n'a jamais réussi a gangé les élections.


Au total, 10 candidats sont en lice, dont Mahamat Idriss Déby, président de la Transition et fils de l'ancien chef de l'État tué lors des affrontements de l'armée avec les groupe armé rebelle Front pour l'Alternance et le Concorde au Tchad (FACT), en avril 2021, dans des circonstance toujours non illucidés.

"Je suis en train de tenir aujourd'hui un quatrième engagement phare qui va boucler le processus de la transition, déclenché dans notre pays il y a 3 ans",
a déclaré Mahamat Déby sur son compte Facebook, après avoir accompli son devoir à 07h30 (heure locale).

"En votant aujourd'hui, je suis animé d'un double sentiment: celui d'avoir accompli mon droit civique mais surtout celui d'avoir réalisé un engagement que j'ai pris devant Dieu et devant le peuple tchadien, celui d'organiser dans le délai accordé, des élections qui marqueront le retour à l'ordre conditionnel",
a-t-il détaillé.

"Comme notre engagement pour la continuité de l'État; comme notre engagement pour l'organisation du dialogue national inclusif et souverain; comme notre engagement pour l'organisation du référendum constitutionnel, il revient maintenant au peuple de voter massivement pour choisir son Président"
, a-t-il poursuivi.

Parmi les candidats en lice, figurent l'actuel Premier ministre Succès Masra, fondateur du parti "Les Transformateurs", et l'ancien Premier ministre Albert Pahimi Padacké.


Masra a rejoint la transition qu'il critiquait au début, en devenant le premier ministre, chef du gouvernement. Une partie de l'opposition l'accuse de contribuer à la dynastisation du pouvoir tchadien par la famille Déby, qui le détient depuis 1990.

Quant à lui, Masra se dit détenteur de la possibilité de briser cette chaîne continue de pouvoir des Déby.


Pendant les campagnes, force est de constater que Masra n'a pas pu parcourir tout le pays, surtout le nord, bastion de Déby fils, mais que Masra compte un nombre non négligeable de sympathisants. Une caractéristique commune des opposants issus du Sud du pays, majoritairement chrétien.


Lors de ses discours de campagne dans le Sud, il a appelé la population à se passer de ses aînés, supposant les vieux opposants sudistes, qui n'ont pas répondu aux aspirations de la population, en donnant la chance à la jeunesse, en l'occurrence lui-même. Mais en foulant le sol des villes telles que Mao et Faya, principales villes du Nord du pays, il n'a pas su créer la différence qu'il chante.

Mahamat Déby a tenté de faire une percée dans le Sud, bastion de l'opposition et région la plus peuplée du pays. Face à une opposition morcelée, le pouvoir central a toujours réussi à obtenir la moyenne dans les élections. Mais face à Masra, dont le discours envers la jeunesse est très pointu, Déby fils pourrait avoir des difficultés à maintenir cette moyenne.


Pour rappel, les militaires ont voté dimanche 5 Mai, un jour avant le vote civil. Plusieurs sources locales ont rapporté que le vote militaire est contrôlé par la hiérarchie et les soldats n'avaient le choix que de voter pour le commandant en chef, le Général Mahamat Déby, par ailleurs chef de l'État. Une vidéo amateur partagée par les médias, non authentifiée, appuie ces allégations.

Pour la plupart des Tchadiens, les résultats sont connus d'avance. C'est une élection gagnée d'avance par Déby fils, dont Masra n'est qu'un accompagnateur, comme cela a été le cas pendant les trois dernières élections du père Déby. Ces propos reflètent le discours populiste et ironique des vieux dirigeants africains selon lequel il se dit:


Qui est fou pour organiser des élections et les perdre ?

Les résultats provisoires de ce scrutin sont attendus d'ici 3 semaines et un deuxième tour aura lieu le 22 juin prochain si aucun candidat n'obtient la majorité absolue (50% + 1 voix) des suffrages.


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