Burkina : rareté des pluies, des paysans dans le désarroi

La rédaction
09:5526/07/2024, vendredi
Yeni Şafak

Au Burkina Faso, les acteurs du monde rural redoutent une campagne agricole catastrophique. Contrairement au passé, dans ce mois de juillet, les pluies n’ont toujours pas commencé. Les paysans ont apprêté leurs champs pour semer mais le ciel tarde à ouvrir ses vannes. Ils accusent le changement climatique et devant cette situation, chaque acteur se débrouille comme il peut.

Dans son champ de mil, Élisé Somé n’a pas le moral. En ce début de journée, il est tout pensif devant ses jeunes pousses. Depuis qu’il a mis ses semences en terre après une petite pluie, plus rien. Les semis prennent difficilement à cause de l’absence de pluie. Le jeune père de famille explique que
"c’est seulement cette année, qu’on voit cette situation. Sinon avant, à pareil moment, le mil poussait très bien mais cette année-là, on est là et il n’y rien"
.

Élisé Somé est basé à Saaba, une commune rurale située à près de 15Km de Ouagadougou, la capitale burkinabé. A proximité de ce village se trouve le barrage de Kaongo, ce qui sauve, quelque peu, les cultures du paysan Somé. Quand il le peut, il loue une motopompe, y met du carburant pour amener de l’eau vers son champ.


Toutefois, il précise que les moyens manquent pour continuer. Comme lui, de nombreux paysans qui dépendent de la pluie pour leurs activités sont dans le désarroi.

Noé Tougma, un ingénieur agronome qui accompagne les paysans, assiste souvent avec impuissance à leur sort. Il estime que plusieurs mesures sont nécessaires pour aider les acteurs du monde rural à s’adapter.
"Les chercheurs de notre institut de recherche ont fait d’énormes recherches. Ils ont travaillé sur des variétés de céréales adaptées à chaque zone climatique. Vous savez, nous avons trois zones climatiques au Burkina donc en fonction de votre zone climatique vous pouvez choisir la variété qui est bien adaptée,"
conseille M. Tougma.

Il appelle également les autorités à impliquer les chercheurs pour aider les paysans à s’adapter aux changements climatiques.
"Avec ce changement climatique, il faut vraiment mettre les moyens à la disposition des chercheurs. Les ingénieurs agronomes, les techniciens de recherches pour que chacun puisse se mettre à contribution pour qu’on puisse trouver des variétés adaptées au contexte actuel, il n’y a rien de tel. Comme on aime le dire, une bonne semence assure déjà à 40%, la réussite de la campagne donc, on n’a d’autres choix que de mettre des millions voire des milliards dans la sélection,"
indique l’ingénieur agronome Noé Tougma.

Selon son plan national d’adaptation aux changements climatiques adopté en 2015, le Burkina Faso a besoin de près de quatre mille milliards de francs CFA pour s’adapter aux changements climatiques sur une période de 15 ans.

Avec ce plan, le pays compte gérer plus efficacement son développement économique et social en mettant en œuvre de mécanismes de planification et de mesures de résilience et d’adaptation aux changements climatiques à l’horizon 2050.


Par Guillaume KERE

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