Depuis le début de la guerre, la Chine a offert au président russe Vladimir Poutine son soutien financier et diplomatique, évitant l'envoi d'armes ou toute implication militaire manifeste.
Des firmes chinoises contrôlées par l'Etat ont vendu des drones et autres équipements à la Russie et l'Ukraine, mais Moscou a dû se tourner vers l'Iran pour obtenir des armes indispensables, telles que les drones de combat.
Selon Washington, la Corée du Nord a également fourni la Russie en roquettes et obus d'artillerie.
Et les Etats-Unis craignent désormais que Pékin en fasse de même. Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a réitéré lundi sa mise en garde, après avoir averti dimanche que la Chine envisageait de fournir des armes à la Russie, à l'issue d'une rencontre avec son homologue chinois Wang Yi à Munich, en marge de la Conférence sur la sécurité.
M. Blinken n'a fourni aucune preuve pour appuyer cette affirmation et ses détracteurs rappelleront les erreurs passées des services de renseignement américains mais elle fait partie des informations sensibles communiquées par Washington pour devancer et perturber les plans de guerre russes.
Car depuis le début de l'invasion russe, la Russie peine à rassembler suffisamment de personnel, de munitions et d'armes, ce qui explique son enlisement face à la résistance ukrainienne. Cet état de fait a poussé Vladimir Poutine à recourir à une conscription massive, à des groupes mercenaires et aux importations.
Pendant ce temps, l'Ukraine a réussi à arrêter l'avancée russe, et même à prendre le dessus. Mais certains experts estiment que la guerre se trouve à un point d'inflexion, chaque camp s'arrachant les ressources et cherchant à remporter des gains décisifs à mesure que le printemps approche.
Le commentateur militaire chinois Song Zhongping a affirmé que la Chine n'enverrait pas d'armes à la Russie, tout en soulignant que la coopération politique, commerciale et militaire entre Moscou et Pékin s'était accrue avant même la guerre en Ukraine et que cette tendance allait se poursuivre.
De nombreux experts considèrent qu'il y a un enjeu plus important et que l'Ukraine est en train de se transformer en conflit par procuration digne de l'époque de la Guerre froide.
Mais la perspective de voir la Russie perdre inquiète Pékin, selon M. Muraviev.
Selon le professeur, la Chine tenterait de jouer les équilibristes dans ce conflit, en trouvant le juste milieu entre le risque et la récompense: fournir des armes par l'intermédiaire d'entreprises contrôlées par l'Etat, de la Corée du Nord ou du groupe Wagner plutôt que directement aux militaires russes.