Japon: investissements publics massifs dans l'IA et les puces pour redevenir un champion de la tech

12:1220/11/2024, Çarşamba
AFP
Le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba s'exprime lors d'une réunion avec des membres de la communauté péruvienne-japonaise à l'Association péruvienne japonaise (APJ) à Lima, le 17 novembre 2024.
Crédit Photo : ERNESTO BENAVIDES / AFP
Le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba s'exprime lors d'une réunion avec des membres de la communauté péruvienne-japonaise à l'Association péruvienne japonaise (APJ) à Lima, le 17 novembre 2024.

Le Japon prépare une transformation technologique majeure pour regagner sa place parmi les leaders mondiaux du secteur.

Le Premier ministre Shigeru Ishiba a annoncé un plan d’investissement public de 10.000 milliards de yens (61 milliards d'euros) d'ici 2030, destiné à l’intelligence artificielle (IA) et aux semi-conducteurs.

Ce programme ambitieux vise à revitaliser une économie marquée par une croissance atone et à faire face à des défis structurels, comme le vieillissement de la population et les tensions géopolitiques.


Une première mondiale et un projet stratégique


Ce plan positionne le Japon comme le premier pays à consacrer un tel niveau de fonds publics pour intégrer des technologies avancées dans des secteurs clés. L’objectif est d’allier l’innovation à des besoins nationaux spécifiques. Le projet phare de cette initiative est
"Rapidus"
, un programme de production de semi-conducteurs de nouvelle génération qui s’appuiera sur ces investissements massifs.

Déjà, des géants tels que SoftBank, Nvidia, Microsoft, Amazon et Google ont manifesté leur intérêt pour contribuer au développement technologique du Japon. Par exemple, SoftBank développe actuellement un superordinateur basé sur des puces Nvidia et déploie un réseau télécom IA à travers le pays, conçu pour optimiser les usines et soutenir les véhicules autonomes.

Rattraper le retard technologique


Le Japon, autrefois à la pointe de la technologie dans les années 1980, a perdu de son avance face à des pays comme les États-Unis ou la Chine. "Ces dernières années, le Japon a pris conscience du potentiel de l’IA et des semi-conducteurs", explique Kelly Forbes, présidente de l'AI Asia Pacific Institute. Cependant, le pays doit non seulement rattraper son retard, mais aussi surmonter des défis uniques, comme la faible compétitivité numérique (31e rang mondial en 2024 selon l’IMD).


Répondre aux défis démographiques et géopolitiques


L’IA est perçue comme une solution pour faire face au déclin démographique et maintenir la productivité économique dans un Japon vieillissant. Par ailleurs, l’incertitude géopolitique liée à une éventuelle crise à Taïwan –qui produit l’essentiel des semi-conducteurs avancés mondiaux– pousse Tokyo à renforcer sa souveraineté technologique.

La société taïwanaise TSMC, leader mondial des semi-conducteurs, a déjà ouvert une usine de 8,6 milliards de dollars au Japon, avec un second site de 20 milliards prévu. Ces installations contribueront à sécuriser l'approvisionnement en puces critiques pour le Japon, mais aussi pour ses alliés.


Défis énergétiques et réglementaires


Toutefois, cette transformation pose des défis énergétiques majeurs. La fabrication de puces et l’exploitation des centres de données sont particulièrement énergivores. Avec une forte dépendance aux importations d’hydrocarbures, le Japon devra accélérer ses efforts pour relancer le nucléaire et diversifier ses sources d’énergie.


Sur le plan réglementaire, le Japon adopte une approche flexible pour attirer les entreprises et soutenir l’innovation. Sa loi sur les droits d’auteur, qui permet l’entraînement des systèmes d’IA sur des données protégées même à des fins lucratives, est parmi les plus favorables au monde.

Vers une renaissance technologique


Le Japon espère que cette initiative lui permettra de devenir un acteur incontournable dans le domaine de l’IA et des semi-conducteurs tout en offrant un retour sur investissement significatif.
"Aucun système d'IA ne peut prospérer sans échanges transfrontaliers de données, et le Japon a pris les devants pour s'assurer que cela soit possible avec des partenaires de confiance"
, conclut Seth Hays, expert en politique asiatique de l'IA.

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