Crédit Photo : MATTHIEU RONDEL / AFP
Un agriculteur du syndicat "Coordination Rurale" lors d'un rassemblement d'agriculteurs au deuxième jour d'une manifestation nationale contre l'accord UE-Mercosur à Auch, dans le sud-ouest de la France, le 19 novembre 2024.
La mobilisation des agriculteurs en France est entrée mercredi dans son troisième jour avec le syndicat la Coordination rurale (CR) à la manoeuvre dans le Sud-Ouest et à la frontière espagnole, le gouvernement condamnant des dégradations et des blocages "pas acceptables" mardi soir.
La ministre de l'Agriculture Annie Genevard a déclaré mercredi sur la chaîne publique France 2 que les
"actes de dégradation, de blocage à la frontière espagnole"
à l'initiative de la CR, deuxième syndicat agricole du pays, n'étaient
et risquaient d'entamer la
des Français envers la profession.
S'en prendre aux biens, s'en prendre aux personnes, bloquer durablement le pays, ça n'est pas acceptable.
"Et je le dis aux membres de la Coordination rurale qui, dans six départements de France hier soir, se sont livrés à des actes de dégradation, de blocage à la frontière espagnole",
a dit Mme Genevard.
Sur l'autoroute A9 notamment, dans le département des Pyrénées-Orientales (sud), des agriculteurs de la CR ont établi mardi un barrage au niveau d'un péage, bloquant des camions de marchandises mais laissant passer les voitures, à une dizaine de kilomètres de la frontière espagnole.
"On va bloquer l'A9, mais aussi les dépôts de carburants, les ports, les centrales d'achat. On veut provoquer un chaos et une pénurie alimentaire",
avait assuré Serge Bousquet-Cassagne, figure de ce syndicat dans le Sud-Ouest, présent au barrage.
Sur l'A9,
"fleuve de fruits et légumes qui arrivent d'Espagne"
, il avait dit envisager
"un blocage (...) sur plusieurs jours".
Débat sur l'accord Mercosur
A Agen (sud-ouest), quelque 350 à 400 manifestants (selon la police) s'étaient rassemblés mardi devant la préfecture, où du fumier et des déchets ont été déversés, tout comme devant la préfecture de Limoges (centre), selon les autorités.
Une délégation avait été reçue en préfecture. Faute d'avoir obtenu
de la ministre de l'Agriculture, les deux responsables de la CR locale, Karine Duc et José Perez, avaient refusé de quitter les lieux et ont finalement
"dû être escortés par les forces de l'ordre, sans incident"
, selon un communiqué de la préfecture publié mardi soir.
Les autorités signalent également un autre
toujours en place mercredi matin à Charleville-Mézières (nord-est).
L'Office français de la biodiversité (OFB) a quant à lui dénoncé des
de ses locaux dans l'Oise (nord) et la Creuse (centre) mardi.
Moins d'un an après une mobilisation historique, les syndicats agricoles estiment n'avoir pas obtenu suffisamment d'avancées. Ils redoutent en plus une ratification prochaine d'un accord de libre-échange entre l'Union européenne et des pays latino-américains du Mercosur.
Mardi pourtant, après deux premières journées d'actions, l'alliance majoritaire des syndicats FNSEA-Jeunes agriculteurs (JA) a salué
après l'annonce de la tenue d'un débat suivi d'un vote le 26 novembre à l'Assemblée nationale (chambre basse du Parlement) sur ce traité, largement rejeté en l'état par la classe politique française.
Mercredi matin, le patron de la FNSEA Arnaud Rousseau a toutefois annoncé une nouvelle mobilisation de ses troupes
"mardi, mercredi et jeudi"
prochains.
L'alliance FNSEA-JA a évité d'organiser des blocages comme l'an dernier, privilégiant des actions symboliques pour
"ne pas ennuyer les Français".
Selon les autorités, 30 actions ont été menées dans la nuit de mardi à mercredi, rassemblant 1.930 agriculteurs et 512 engins, sans incident ni interpellation.
De même source, la journée de mardi a été
"marquée par la mobilisation du syndicat de la Coordination rurale démontrant un état d'esprit résolument plus offensif et déterminé que celui de la JA ou de la FDSEA"
, alors que la CR tient en parallèle son congrès national dans la Vienne (ouest), dont il préside la chambre d'agriculture depuis 2019.
Lors des prochaines élections professionnelles, prévues en janvier, elle entend ravir d'autres chambres à l'alliance FNSEA-JA, qu'elle juge trop proche de l'agro-industrie et des gouvernements successifs.
À défaut de réponses de l'État jugées satisfaisantes, le syndicat appelle à bloquer le fret alimentaire à partir de mercredi. Il pourrait notamment cibler des centrales d'achat de la grande distribution en Charente (ouest), dans les Landes ou dans le Tarn-et-Garonne (sud-ouest).
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