Dans cet article, nous revisiterons près de 45 ans de sanctions internationales à l'encontre de l'Iran, débutant avec les premières mesures consécutives à la prise d'otages dans l'ambassade américaine à Téhéran et se prolongeant jusqu'aux dernières sanctions annoncées en réaction à l'attaque sans précédent de l'Iran contre Israël.
L'économie iranienne a subi de lourds dommages, marqués par une inflation galopante et un affaiblissement significatif de sa monnaie, le rial, tandis que l'approvisionnement en médicaments et en matériel médical a été particulièrement touché.
En avril 1980, Washington a instauré un embargo sur les biens de consommation et gelé 12 milliards de dollars d'avoirs iraniens à la suite de la spectaculaire prise d'otages à l'ambassade américaine de Téhéran (du 4 novembre 1979 au 20 janvier 1981).
Début 1984, les États-Unis ont inscrit l'Iran sur leur liste noire des pays soutenant le terrorisme, en raison de son implication présumée dans les attentats de Beyrouth du 23 octobre 1983 (ayant entraîné la mort de 241 militaires américains).
En octobre 1987, le président Ronald Reagan a interdit les importations de produits iraniens et certaines exportations vers l'Iran, en réponse aux attaques de ce dernier contre les forces américaines dans le Golfe.
En juin 1995, Bill Clinton a imposé un embargo total contre l'Iran, accusé de soutenir le terrorisme international. L'année suivante, le Congrès américain a adopté la loi "d'Amato", prévoyant des représailles contre les entreprises étrangères investissant dans le secteur pétrolier iranien.
En 2005, le président iranien conservateur Mahmoud Ahmadinejad a relancé le programme nucléaire de l'Iran, suscitant les soupçons de vouloir acquérir l'arme nucléaire. L'ONU a alors annoncé une série de sanctions, comprenant des mesures économiques et commerciales contre les entités liées aux programmes nucléaire et balistique iraniens, ainsi qu'un embargo sur l'armement iranien.
Les États-Unis ont interdit aux banques américaines de servir d'intermédiaire dans le transit de fonds avec l'Iran en 2008, tandis que des mesures de rétorsion ont été prises entre 2010 et 2012 contre les groupes étrangers investissant dans le pétrole iranien, ainsi que dans le secteur automobile.
De son côté, l'Union européenne a adopté diverses mesures restrictives telles qu'un embargo pétrolier en 2012 et des restrictions sur les transactions bancaires avec l'Iran.
En 2015, l'accord historique sur le nucléaire iranien a été conclu, prévoyant la levée progressive des sanctions imposées depuis 2006 concernant le programme nucléaire.
En 2018, Donald Trump a retiré les États-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien et réimposé des sanctions économiques sévères. En réponse, Téhéran s'est désengagé progressivement de l'accord. Dans une tentative de contourner les nouvelles sanctions américaines, l'Europe a mis en place un mécanisme de troc appelé Instex, activé pour la première fois en mars 2020 pour fournir du matériel médical à l'Iran en pleine pandémie de Covid-19. Cependant, Instex n'a pas réussi à s'imposer et a été liquidé en 2023.
Depuis l'investiture de Joe Biden à la présidence début 2021, Washington a engagé des négociations indirectes avec l'Iran pour réintégrer l'accord sur le nucléaire. Cependant, le président Biden a poursuivi la politique de sanctions en réaction aux livraisons d'armes iraniennes à la Russie et aux cyberattaques.
Suite à l'attaque du 13 avril contre Israël, la première menée depuis le territoire iranien, les États-Unis et le Royaume-Uni ont imposé des sanctions contre le programme iranien de drones, son industrie sidérurgique et ses constructeurs automobiles.
Londres et Washington ont ainsi suivi l'exemple de Bruxelles, qui avait annoncé la veille des sanctions contre les producteurs iraniens de drones et de missiles. Le G7, réuni sur l'île italienne de Capri, a également discuté de nouvelles mesures restrictives.
Les sanctions internationales contre l'Iran ont été un élément central de la politique occidentale pendant près de 45 ans. Malgré les périodes de négociations et d'accords, tel que celui sur le nucléaire iranien en 2015, les tensions persistent et les sanctions restent un outil privilégié pour faire pression sur Téhéran.
L'évolution de cette situation demeure donc un enjeu majeur pour la stabilité régionale et mondiale.