Crédit Photo : STEPH CHAMBERS / POOL / AFP
Une spectatrice agite un drapeau de l'équipe de France, près de la Tour Eiffel, lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques Paris 2024, le 26 juillet 2024 à Paris, en France.
À Montfermeil et Saint-Denis, des habitants se sentent exclus des Jeux olympiques de Paris, dénonçant des prix inaccessibles et un manque d'informations.
Pendant que la fête sportive des Jeux olympiques de Paris bat son plein, des habitants de la banlieue nord de Paris, quasiment aux premières loges de l'événement planétaire, n'en profitent pas forcément, par manque d'intérêt ou de moyens.
Le département de Seine-Saint-Denis, territoire le plus jeune, le plus pauvre et l'un des plus criminogènes de France, abrite pourtant le Stade de France, l'un des principaux sites olympiques.
Comme tous les autres événements, c'est comme si c'était loin d'ici.
"Ça nous encombre plus que ça nous rapporte quoi que ce soit"
, râle Mohand Hammich, habitant d'un quartier populaire de Saint-Denis (nord de Paris), à 500 m du Stade de France.
Feuilles de ponçage et spatule à enduit en main, ce technicien dans l'événementiel estime que les habitants du quartier n'ont pas suffisamment été informés et regrette que les recrutements pour les missions JO n'aient pas puisé dans le vivier de jeunes locaux. Pourtant, plusieurs forums emploi se sont tenus les mois précédant les JO.
"Dès que les Jeux vont passer, c'est reparti pour un tour. Ils font du cinéma pour les autres mais pas pour nous"
, lance un autre habitant juché sur un scooter.
Près de l'aire de jeux, Ikrame attend son maïs grillé au stand de cuisson improvisé.
"C'est vite arrivé et vite parti, on prend notre mal en patience",
témoigne l'habitante qui n'a pas voulu communiquer son nom de famille, déplorant la circulation routière et le stationnement difficiles.
Au quotidien, cette gestionnaire d'appels d'offre n'a
"pas forcément l'envie ni l'occasion de regarder les Jeux"
, contrairement aux précédentes éditions.
"OK, dès qu'on traverse, du côté du Stade, il y a cet esprit des JO mais là, dans le quartier, pas du tout"
, regrette-t-elle.
Pour en faire des Jeux populaires, promesse du comité d'organisation, les autorités locales ont distribué 180 000 billets, dont 30 000 pour la cérémonie d'ouverture.
Parmi les heureux élus, une trentaine d'adolescentes, joueuses de rugby, ont ainsi pu assister à la phase finale du rugby à VII féminin au Stade de France fin juillet.
Mais la masse, rebutée par les prix des billets ou prise par son emploi, suit les Jeux à distance.
À quelques kilomètres de Saint-Denis, dans la ville de Montfermeil, des familles profitent de la fraîcheur de l'arboretum, loin de la frénésie parisienne.
"A mon âge, j'ai envie d'être tranquille. Je suis chez moi, j'ai un jardin, petite sieste, petit livre... On est mieux ici qu'à Paris"
, évacue Nicole Tallon, taxi retraitée de 77 ans.
Elle préfère passer cette chaude après-midi à jouer au frisbee avec sa petite-fille au bord de l'eau, que devant un écran et se tient informée du palmarès
Assise sur un banc, Intidhar Khalifa surveille ses deux filles et ses trois neveux en plein jeu.
"On regarde tous les jours, toutes les épreuves"
, s'enthousiasme cette professeure des écoles.
"Du sport à la télé, ça fait du bien, c'est comme une bulle de déconnexion de la réalité anxiogène"
, dit-elle.
Avec son mari taxi et leurs filles, ils auraient aimé aller voir des épreuves mais
"ça reste hors de prix, surtout quand on a une famille". "Déjà qu'on n'est pas partis en vacances à cause de la vie chère...",
déplore-t-elle.
"Je faisais du jiu-jitsu et maintenant j'aimerais bien faire du judo. J'ai vu que Teddy Riner a remporté la médaille d'or et j'aimerais bien faire comme lui"
, raconte sa fille de 9 ans, Roumayssa.
En pleine session de tractions, Moki Cherkaoui dit ne pas avoir de télévision et peu de temps entre son travail de serveur et sa vie de famille. Dimanche, il est allé à Paris pour voir les cyclistes traverser la ville et a apprécié
Début septembre, c'est à côté de chez lui que les paracyclistes s'affronteront.
"Tant mieux si ça peut montrer un visage positif de la Seine-Saint-Denis parce que dans la presse, on est trop souvent montré du doigt comme une zone en difficulté",
dit M. Cherkaoui.
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